Monia Braham est directrice des études et analyses économiques et environnementales au ministère de l’Environnement. Elle estime que “le secteur bancaire tunisien est en mesure de jouer un rôle primordial dans le processus de transition vers une économie verte”, et ce en finançant davantage des projets environnementaux.
Selon Mme Braham, en Tunisie, les 29 banques (dont 8 off-shore), qui fournissent près de 90% des crédits à l’économie, privilégient les crédits qui leur offrent le meilleur rapport rémunération/risque, en l’occurrence les prêts à l’habitat et à la consommation. En vue de familiariser les banquiers tunisiens avec le concept du Green Banking (financement des projets écologique), une session de formation de deux jours est organisée, mardi et mercredi (24 et 25 avril), à Tunis. 35 responsables de banques et représentants d’assurances et d’institutions environnementales y ont pris part.
Il s’agit, d’après ses organisateurs (ministère de l’Environnement, PAM/PNUE, Centre d’acivités Régionales pour la Production Propre “CAR/PP”), d’un message à transmettre aux banques tunisiennes, appelées aujourd’hui, à renforcer leurs capacités à analyser les risques liés aux projets environnementaux, à assumer leurs responsabilités sociale et environnementale et à constituer des portefeuilles pour les projets verts.
En effet, les banques tunisiennes peuvent contribuer, selon les participants à cette formation, à la création d’emplois verts et de PME spécialisées dans la dépollution et l’amélioration du cadre de vie et de l’esthétique urbaine.
Les projets de ce genre sont, jusque là, appuyés en Tunisie, par des fonds spécifiques et des structures à vocation environnementales (ANME, Fonds National de maîtrise de l’énergie, Fonds de dépollution “FODEP” et Focrédit).
Pour augmenter les parts de financement des projets, dits “propres”, “il faut d’abord créer un cadre propice pour que les entreprises puissent travailler sur une meilleure prise en compte de l’environnement”, estime Mme Magali Outters, experte du Centre CAR/PP.
Prenant part à cette formation, Mme Nouha Zerriâa, analyste financière dans une banque d’affaires privée, a reconnu qu’en Tunisie “peu de projets environnementaux sont présentés aux banques pour financement….Tout est question de culture”, estime-t-elle.
“Aujourd’hui, cette culture environnementale gagne du terrain dans le pays”, a-t-elle dit, “ce qui exige des banques une certaine prise en compte de cette nouvelle donne et un engagement en faveur de l’environnement”.
D’après Basma, chef projet à la Société Tuniso-Saoudienne d’Investissement et de Développement, “la réticence des banques à financer l’environnement s’explique, avant tout, par le coût très élevé des projets écologiques”.
“Des promoteurs ont déjà déposé auprès de notre banque des dossiers de projets à financer sur la photovoltaïque, l’énergie, les voitures à gaz, mais leur coût était exorbitant, nous avons un seuil à ne pas dépasser”, a-t- elle lancé.
L’économie verte est, d’après le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), “une économie qui a pris forme dans le contexte d’une crise multiple, environnementale, économique et sociale”.
Dans son dernier rapport, le PNUE mentionne que pour aller vers cette économie verte, il faudra investir 2% du PIB par an, d’ici 2050, dans 10 secteurs clés (agriculture, bâtiment, énergie, pêche, foresterie, industrie manufacturière, tourisme, transport, eau et gestion des déchets).
WMC/TAP