UE : Hollande reçoit des soutiens et détaille sa stratégie de croissance

photo_1335367822082-1-1.jpg
çois Hollande donne une conférence de presse à Paris, le 25 avril 2012 (Photo : Patrick Kovarik)

[25/04/2012 15:45:20] PARIS (AFP) François Hollande, le candidat socialiste à la présidentielle française, a reçu mercredi des soutiens européens inattendus dans sa demande d’un pacte de croissance, et présenté dans la foulée ses pistes de renégociation du traité budgétaire européen.

“Au lendemain du scrutin, si j’en ai reçu mandat, j’adresserai un mémorandum aux chefs d’État sur la renégociation du traité” européen sur les finances publiques, a expliqué François Hollande, donné par les sondages largement gagnant du second tour de la présidentielle, qui aura lieu le 6 mai, face au président sortant Nicolas Sarkozy.

Ce traité a été signé en mars après avoir été négocié sous la houlette du couple Angela Merkel-Nicolas Sarkozy. Il s’agit d’un texte de stricte discipline budgétaire, dont le but est de mettre un terme à la crise de la dette en zone euro.

Le candidat socialiste, en tête dimanche du premier tour de la présidentielle avec 28,63% devant Nicolas Sarkozy (27,18%), plaide depuis des semaines en faveur d’une renégociation de ce texte, afin de lui adjoindre un programme de croissance.

“Le sérieux budgétaire oui, l’austérité à vie, non”, martèle le candidat socialiste.

photo_1335367931314-1-1.jpg
écembre 2011 à Francfort (Photo : Daniel Roland)

La bonne surprise pour François Hollande est venue mercredi de Bruxelles. Devant des députés européens, le président de la Banque centrale européenne (BCE), l’Italien Mario Draghi, a admis que l’Europe ne faisait pas suffisamment pour la croissance.

“Nous avons un pacte budgétaire (…), nous devons revenir en arrière et en faire un pacte de croissance”, a-t-il déclaré.

“Les choses ont déjà bien progressé (…), les idées cheminent et le vote des Français y est sans doute pour beaucoup”, a commenté François Hollande à Paris, lors d’une conférence de presse.

Et il a détaillé ses propositions: “création d’eurobonds (obligations européennes, ndlr), pas pour mutualiser les dettes mais pour financer des projets industriels d’infrastructures”; “libérer davantage de possibilités de financement de la Banque européenne d’investissement” (BEI); “création d’une taxe sur les transactions financières”; mobilisation des “reliquats des fonds structurels européens aujourd’hui inutilisés pour accompagner des projets”.

Mais il faudra convaincre la chancelière allemande, avec qui il entrevoit des “discussions fermes mais amicales”.

“Est-ce que cela pourrait créer un clash ? Nous ne sommes pas là pour créer des conflits, mais pas non plus pour dissimuler des interprétations différentes ou des positions dissemblables”, a-t-il jugé.

photo_1335368101264-1-1.jpg
ère allemande Angela Merkel, le 24 avril 2012 à Berlin (Photo : Odd Andersen)

Angela Merkel a maintenu ses distances mercredi avec François Hollande, tout en reconnaissant le besoin de stimuler la croissance.

“Nous avons besoin de croissance, de croissance sous forme d’initiatives pérennes, pas juste de programmes de conjoncture –qui creuseraient encore la dette publique– mais de croissance, comme Mario Draghi l’a dit aujourd’hui, sous forme de réformes structurelles”, a-t-elle dit.

En revanche, le chef de file de la zone euro, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a plaidé à son tour pour une “stratégie de croissance” pour faire redémarrer l’économie européenne.

François Hollande a été snobé depuis des semaines par les dirigeants conservateurs européens, Angela Merkel en tête, qui ont refusé de le recevoir avant l’élection, à cause de son opposition au traité budgétaire.

Le président Nicolas Sarkozy met en garde depuis le début de la campagne contre le programme économique de son adversaire, qu’il juge dépensier et dont il affirme qu’il pourrait déclencher une vague de spéculation sur les marchés.

François Hollande “est d’une gauche sérieuse, il y aura une responsabilité budgétaire, nous réduirons les déficits publics et nous le ferons dès 2013 en passant en dessous de 3%” du Produit intérieur brut (PIB), a assuré mercredi Pierre Moscovici, son directeur de campagne.