Les Européens appellent les uns après les autres à relancer la croissance

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à Londres (Photo : Carl Court)

[25/04/2012 15:57:06] BRUXELLES (AFP) Les responsables européens multiplient les appels pour définir une stratégie pour la croissance et tourner la page du tout austérité qui a prévalu au plus fort de la crise et plongé plusieurs pays en récession, mais peinent à se mettre d’accord sur la marche à suivre.

Dernier en date, le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a lancé un pavé dans la mare en se prononçant mercredi pour un “pacte de croissance” européen, des propos qui ont fait écho à la proposition du candidat socialiste à la présidentielle française, François Hollande.

“Nous avons un pacte budgétaire (…) nous devons revenir en arrière et en faire un pacte de croissance”, a déclaré M. Draghi au Parlement européen à Bruxelles, en faisant référence au traité qu’il avait appelé de ses voeux fin 2011 pour renforcer la discipline budgétaire au sein de l’Union européenne.

Cette prise de position donne du grain à moudre à M. Hollande, favori des sondages pour le deuxième tour le 6 mai. Il demande à renégocier le traité européen actuellement en cours de ratification pour y ajouter une dimension de croissance.

“Que (le président de la BCE) puisse lui aussi ajouter une voix à d’autres confirme bien que l’annonce que j’avais faite, l’engagement que j’avais pris, va faire de l’élection française une élection aussi décisive en Europe”, a-t-il déclaré devant la presse, à onze jours du second tour de la présidentielle.

“Même s’il n’a pas beaucoup développé ses propos, il est clair que l’appel (de M. Draghi) répond aux craintes que certaines économies ne puissent pas revenir à une croissance durable”, estime Julian Callows de la banque britannique Barclays.

La déclaration de M. Draghi intervient alors que l’Espagne, mais aussi le Royaume-Uni — qui bénéfice d’un triple A auprès des agences de notation– viennent de confirmer leur entrée en récession et que la contestation à l’égard du “tout austérité” voulu par la chancelière allemande Angela Merkel monte y compris dans des pays considérés comme très orthodoxes.

Pour preuve, la situation aux Pays-Bas où le gouvernement de centre-droit de Mark Rutte, qui se posait en parangon de vertu budgétaire, vient de présenter sa démission, victime de dissensions avec l’extrême droite de Geert Wilders sur les mesures à prendre pour réduire le déficit public.

Si les responsables européens font le même diagnostic, ils ont des vues divergentes sur les moyens de soigner le malade.

Pour le président de la BCE, il est question d’un pacte de croissance qui mette l’accent sur la flexibilité dans l’emploi par exemple, et non d’un pacte qui suspende pour un temps les mesures de rigueur.

Exit toute idée de relance de l’économie par la dépense publique. Angela Merkel est sur la même ligne et a rappelé que la zone euro avait besoin d’initiatives de long terme pour sortir de la crise.

Au même moment, M. Hollande a plaidé lui pour la création d’euro-obligations pour financer des projets industriels d’infrastructures, la mise en place d’une taxe sur les transactions financières et un meilleur usage des possibilités de financement de la Banque européenne d’investissement (BEI). Autant de sujets qui sont déjà en réalité discutés depuis des mois au sein de l’UE.

Les Européens ont récemment étalé leurs dissensions sur le sujet. Douze pays regroupés autour des chefs de gouvernement britannique, David Cameron, et italien, Mario Monti, ont prôné dans une lettre en janvier pour un marché unique renforcé et des réformes du marché du travail.

A l’inverse, le tandem franco-allemand prônait lui plus de coordination des politiques fiscales pour faire redémarrer l’économie.