L’Espagne doit aller plus loin dans l’assainissement de ses banques, selon le FMI

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à Madrid le 20 octobre 2011 (Photo : Dominique Faget)

[25/04/2012 20:56:31] MADRID (AFP) L’Espagne doit aller plus loin dans l’assainissement de ses banques afin de “remédier aux faiblesses qui demeurent” malgré une grande réforme du secteur financier, a estimé mercredi le FMI après une mission d’inspection.

“L’évaluation confirme le besoin de poursuivre et d’approfondir la stratégie de réforme du secteur financier pour remédier aux faiblesses qui demeurent” et renforcer leur capital, selon le rapport du FMI.

Les banques espagnoles doivent déjà mettre de côté 53,8 milliards d’euros avant la fin de l’année dans le cadre d’un plan d’assainissement lancé par le gouvernement en février.

Celles qui décident de fusionner pour renforcer leurs bilans auront, elles, deux ans pour respecter cet objectif.

Selon le FMI, l’Espagne pourrait en outre avoir à débourser plus que prévu pour assainir son secteur, une sombre perspective alors que ses finances publiques étaient plombées par un déficit de 8,51% du PIB fin 2011.

“Une plus grande dépendance au financement public pourra être requise, une fois que les options pour la recapitalisation privée seront épuisées”, précise le rapport.

La réforme du secteur financier espagnol est en partie financée par les banques elles-mêmes, via le fonds de garantie des dépôts. L’Etat intervient à travers un fonds public d’aide au secteur (Frob).

Le FMI estime que “pour protéger la stabilité financière”, l’Espagne pourrait être poussée à injecter plus de fonds.

L’organisme reconnaît cependant que le plan d’assainissement déjà engagé par l’Espagne est “très important et bienvenu”.

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à Madrid le 20 octobre 2011 (Photo : Dominique Faget)

“Les plus grandes banques semblent être suffisamment capitalisées et disposent d’assez de bénéfices pour résister à la détérioration attendue des conditions économiques”, souligne le rapport.

Mais “un groupe de dix banques, dont la plupart ont reçu une aide de l’Etat” semble “vulnérable”, selon les inspecteurs du FMI.

“Il est crucial que ces banques, surtout la plus grande, prennent rapidement des mesures décisives pour renforcer leurs bilans et améliorer leur gouvernance et leur gestion”, souligne le rapport.

Le FMI semble ainsi montrer du doigt Bankia, la plus grande union de caisses d’épargne espagnole (en termes d’actifs), réputée pour être, parmi les grandes banques du pays, la plus exposée au secteur immobilier sinistré.

Le secteur bancaire espagnol est l’une des grandes sources d’inquiétudes des marchés, car il est fragilisé depuis l’éclatement de la bulle immobilière en 2008: son taux de créances douteuses, principalement des crédits immobiliers susceptibles de ne pas être remboursés, qui n’était que de 3,37% fin 2008, s’est fortement détérioré depuis et atteignait 8,15% en février, un record depuis 18 ans.

Le FMI a dépêché deux missions en Espagne, en février et en avril, dans le cadre d’inspections menées environ tous les cinq ans “dans tous les pays du G20”, a souligné le ministère de l’Economie dans un communiqué.

Les actifs considérés comme “problématiques” –car à la valeur incertaine– représentaient au total 176 milliards d’euros en juin 2011, un chiffre qui a sûrement grimpé depuis: les nouvelles statistiques sur ce sujet seront connues en mai.