Un expert en activité portuaire et un spécialiste du transport aérien viennent d’apporter de l’eau au moulin du gouvernement tunisien qui a pris la décision de reporter, sine die, ses négociations, sur l’Open Sky, plus simplement l’ouverture du ciel tunisien à la concurrence internationale, avec l’Union européenne (UE), principal partenaire des transporteurs publics et privés tunisiens.
Un expert en activité portuaire et un spécialiste du transport aérien viennent d’apporter de l’eau au moulin du gouvernement tunisien qui a pris la décision de reporter, sine die, ses négociations, sur l’Open Sky, plus simplement l’ouverture du ciel tunisien à la concurrence internationale, avec l’Union européenne (UE), principal partenaire des transporteurs publics et privés tunisiens.
Il s’agit de Ali Tounsi (Tunisie), secrétaire général du Conseil international des aéroports pour la région de l’Afrique basé au Maroc (ACI Afrique), et René Trabelsi, franco-tunisien spécialiste de l’aérien et directeur général de Royal First Travel (le plus tunisien des tour-operators français) spécialisé, entre autres, dans la vente auprès de la communauté juive du pèlerinage de la Ghriba et de Djerba en général.
Dans des déclarations indépendantes faites, ces jours-ci, à la presse tunisienne, ces deux responsables ont montré que l’Open Sky n’est pas, hélas, la panacée la mieux indiquée pour aider la Tunisie à atteindre les deux objectifs économiques qu’elle s’est fixé à travers la déréglementation du transport aérien, en l’occurrence l’augmentation des flux de touristes et l’incitation des industriels tunisiens à conquérir des marchés émergents (Maghreb, Afrique, Sud-est asiatique…), destinations jusque-là sous-desservies par les compagnies aériennes, en raison du coût élevé des dessertes.
A propos du premier objectif, René Trabelsi s’est montré très sceptique en ce sens où l’Open Sky va certes favoriser une augmentation du trafic aérien mais va provoquer en même temps une forte réduction du nombre des nuitées à 3 jours au maximum, et par conséquent, une diminution des recettes touristiques et une baisse d’activité du tour operating qui lui concocte des séjours d’au moins une semaine, ce qui est loin des objectifs assignés au secteur touristique tunisien.
Plus précis, Ali Tounsi estime que l’Open Sky ne va pas générer un tourisme de masse en Tunisie dans la mesure où le pays dispose, déjà, d’une forte expertise développée, en la matière, depuis les années soixante. Le seul avantage de l’ouverture du ciel tunisien à la concurrence internationale réside, à ses yeux, dans sa capacité d’attirer un nouveau profil de touristes, celui des férus des week-ends et des week-ends prolongés.
S’agissant des inconvénients et des dégâts que peut occasionner aux transporteurs publics aériens tunisiens, M. Tounsi a rappelé que cela sera perceptible à travers la diminution du personnel des compagnies. «Car, selon lui, si on tient compte du fait que l’Open Sky exige, pour gagner en rentabilité minimale, 100 agents pour un seul avion, Tunisair qui possède une trentaine d’avions ne peut employer, pour tenir la concurrence, que 3.000 contre 8.000 actuellement».
Le message est clair: en cette période révolutionnaire et au regard du nombre impressionnant des sit-in et autres revendications pour l’emploi, il est très difficile d’imaginer qu’un responsable puisse oser réduire l’effectif d’un transporteur aérien, en ce moment.
Moralité: l’Open Sky, dans son acception de démocratisation du ciel et de la possibilité pour les voyageurs de visiter plusieurs fois la Tunisie, n’est pas pour demain. La révolution du jasmin en a voulu ainsi.
Pour mémoire, avant la révolution du 14 janvier 2011, la Tunisie, qui avait commencé à cogiter sur ce dossier depuis 2009, s’était engagée auprès de l’Union européenne à ouvrir son ciel, au plus tard en novembre 2011, et ce après un round de négociations.