ènes, le 9 mars 2012 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[27/04/2012 11:28:34] PARIS (AFP) La zone euro restait soumise à de fortes tensions vendredi, en particulier sur le marché de la dette, après la sanction infligée par Standard and Poor’s à l’Espagne, une décision qui intervient en plein débat sur l’impact des mesures d’austérité sur la croissance.
La fragilité de la situation espagnole était patente, avec un retour à la récession, mais l’annonce jeudi soir de la dégradation de la note du pays de deux crans, de “A” à “BBB+”, est venue renforcer les inquiétudes sur la capacité à redresser la barre du pays qui fait aussi face à un chômage record (plus de 24%).
Cet abaissement s’est aussitôt répercuté à la hausse sur les taux auxquels les Etats empruntent pour refinancer leur dette. L’Italie, qui a emprunté vendredi près de 6 milliards d’euros, a dû faire face à une montée des taux.
En milieu de journée, la nervosité restait palpable. Vers 10H00 GMT, le taux des obligations à 10 ans de l’Espagne s’établissait à 5,908% contre 5,811% jeudi, celui de l’Italie à 5,710% (contre 5,628%), et celui de la France à 2,993% (contre 2,970%). Celui de l’Allemagne, référence et refuge en temps de crise, baissait lui à 1,671% (contre 1,682%).
Après avoir accusé brièvement le coup en début de matinée, les Bourses européennes semblaient cependant se calmer à la mi-journée.
La dégradation de la note espagnole “n’est pas totalement une surprise mais elle pèse sur le moral des marchés en zone euro, puisqu’elle s’ajoute à une série d’événements négatifs”, a estimé Kintai Cheung, économiste chez Crédit Agricole CIB.
Elle vient en effet s’ajouter aux incertitudes politiques notamment en France, avec la présidentielle où le candidat socialiste, François Hollande, est arrivé en tête au premier tour.
Cette dégradation intervient également au moment où responsables économiques et politiques s’interrogent sur la manière dont les déficits peuvent être réduits dans un contexte économique déprimé, avec un recul du PIB attendu de 0,3% en 2012 en zone euro, selon le FMI.
Car la rigueur conduit aussi à la récession, comme en Espagne, mais également au Royaume-Uni, compliquant la tâche de réduction des déficits.
Elle est également source d’instabilité politique, comme en témoigne la situation en république tchèque où le Premier ministre, Petr Necas, dont les mesures d’austérité sont contestées, affrontait vendredi un vote de confiance au Parlement.
Au Pays-Bas, quelques jours à peine après la démission de son gouvernement, victime d’un désaccord sur la réduction des déficits, le Parlement a finalement approuvé jeudi soir le budget de rigueur réclamé par Bruxelles.
Conscient de ces écueils, les Européens pourraient d’ailleurs se réunir dans les semaines qui viennent pour commencer à définir les contours d’une stratégie de croissance.
La brèche a été ouverte par M. Hollande, favori des sondages pour le second tour qui se déroule dimanche 6 mai, en proposant de renégocier le pacte européen de discipline budgétaire renforcée, pour y ajouter une dimension de croissance.
D’abord raillé, M. Hollande a fini par recevoir des soutiens en Europe, face à l’austérité, incarnée par la chancelière allemande Angela Merkel qui a assuré vendredi l’Espagne de sa “confiance” et de “son respect” mais a aussi redit son opposition catégorique à une renégociation du pacte.
“Ce n’est pas l’Allemagne qui va décider pour l’ensemble de l’Europe”, a rétorqué M. Hollande.
Au-delà des désaccords, la prise de conscience de l’enjeu que représente la retour à la croissance en Europe est de plus en plus prononcée.
Car selon Jesus Castillo, spécialiste de l’Europe du Sud chez Natixis, “on a atteint les limites des politiques d’austérité menées à travers l’Europe: l’austérité à tout-va se traduit au final par moins de consommation, donc moins de TVA, plus de chômage, donc moins d’impôt sur le revenu”.