Sur Twitter, des mots de campagne un peu différents

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éseau social Twitter (Photo : Loic Venance)

[27/04/2012 12:42:47] MONTPELLIER (AFP) Les sujets abordés et les mots utilisés sur Twitter par les candidats à l’élection présidentielle et leurs partisans diffèrent de ceux qui dominent dans les meetings ou à la télévision, a constaté une équipe franco-canadienne de chercheurs en informatique qui analyse les tweets de 200 personnalités politiques.

“La campagne sur Twitter n’est pas la même que celle de la télévision ou des meetings”, résume à l’AFP Mathieu Roche, l’un des deux responsables français de cette étude Polop (Political Opinion Mining/exploitation des opinions politiques) menée par le laboratoire LIRMM de l’université de Montpellier et le professeur Stan Matwin de l’université d’Ottawa.

Ainsi, l’algorythme informatique de fouille de textes (qui s’appuye sur des mesures statistiques) a permis de démontrer que sur plus d’un million de tweets avant le premier tour du scrutin, les mots les plus présents avaient souvent un lien avec l’écologie.

“Or ce sujet n’a que rarement été au centre du débat même si le nucléaire a été abordé”, relève le chercheur.

Tendance similaire depuis le début du deuxième tour pour l’UMP. La droitisation de la campagne du président sortant Nicolas Sarkozy pour essayer de convaincre les électeurs de Marine Le Pen ne transparaît pas vraiment sur Twitter.

De plus, sur le compte du chef de l’Etat et de ses soutiens, le mot “crise” très tweeté avant le 22 avril a disparu tout comme le slogan “fort” pourtant prééminent avant le vote. A l’inverse sont apparus “circonscription” et “socialiste” qui n’étaient pas présents.

“On peut penser que la campagne des législatives est déjà dans les têtes”, estime Mathieu Roche, soulignant que lui et ses camarades ne sont “que des informaticiens” et qu’ils ne font “pas d’analyses politiques profondes”.

-Champ lexical des sentiments-

Dans le camp socialiste, depuis lundi, il y a en revanche une certaine continuité sur Twitter. “Changement” et “rassemblement” déjà très tweetés par François Hollande et ses soutiens, surtout la semaine avant le scrutin, restent les mots les plus courants du discours.

Autre constance par rapport au premier tour, les attaques personnelles sont plutôt rares. “Ils répondent mais il n’y a pas d’attaques”, relève M. Roche, constatant sur cet aspect “un peu plus de mouvements chez Nicolas Sarkozy”.

Dans cette guerre des tweets, le langage est différent selon le parti. A l’UMP, juste avant le 22 avril, il a été surtout question de “Concorde”, le lieu du grand meeting, alors que pour le PS “pouvoir” et “pari” étaient en tête du hit-parade.

Au MoDem, c’est “rassemblement” et “produire” qui ont été répétés tandis que pour le Front de Gauche, les mots “classe”, “pouvoir” ou “cauchemar” ont supplanté, à l’approche du vote, ceux de “révolution”, “Bastille” ou “insurrection”.

“Il faut mettre un petit bémol à cette étude concernant le Front national. Nous suivons Marine Le Pen mais le FN n’est pas très présent car nous avons fait le choix de ne retenir que des élus et le FN n’en a pas beaucoup”, précise Mathieu Roche.

Au total depuis le début de cette étude à la mi-décembre 2011 plus de 1,4 millions de tweets ont été analysés, soit une moyenne de 11.000 par jour, avec comme gazouilleurs en chef Nadine Morano, Eric Besson et Cécile Duflot, devant les candidats François Hollande et Nicolas Sarkozy.

“Mais on n’est pas naïfs. On sait que ce ne sont pas toujours les politiques qui écrivent personnellement”, admet Mathieu Roche, dont l’ambition est d’aller au-delà des mots chercher le sentiment qui s’en dégage”.

“Il y a un vocabulaire des sentiments. Mais nous devons déterminer s’il existe un champ lexical de ces sentiments”, explique le chercheur. Les émoticones joints aux tweets et la répétition des caractères vont donc être passés au crible.