La zone euro encore sous tension après la dégradation de la note espagnole

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ènes, le 9 mars 2012 (Photo : Louisa Gouliamaki)

[27/04/2012 14:48:36] PARIS (AFP) La zone euro restait soumise à de fortes tensions vendredi, après la sanction infligée par Standard and Poor’s à l’Espagne, une décision qui intervient en plein débat sur l’impact des mesures d’austérité sur la croissance.

L’annonce jeudi soir de la dégradation de la note du pays de deux crans, de “A” à “BBB+”, est venue renforcer les inquiétudes sur la capacité à redresser la barre du pays qui fait face à un chômage record (plus de 24%) et à la récession.

“En ce moment, nous vivons peut-être un des moments les plus durs pour l’économie espagnole”, a reconnu la porte-parole du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria. Madrid se veut toutefois optimiste et envisage de renouer avec la croissance en 2013.

Le geste de SP, motivé par la crainte que la récession compromette le respect par l’Espagne de ses objectifs budgétaires, s’est aussitôt répercuté sur les taux d’emprunt du pays, en nette hausse avant de retomber dans l’après-midi.

Les marchés ont dû trouver du réconfort dans les propos de Myriam Fernandez de Heredia, directrice des notations souveraines de l’agence pour l’Afrique et l’Europe: “il y a une probabilité nulle de défaut de paiement” de l’Espagne, a-t-elle nuancé vendredi.

L’Italie, autre pays dans le collimateur des marchés, a également dû concéder vendredi une hausse de ses taux lors d’une émission d’obligations de près de 6 milliards d’euros.

Après avoir accusé brièvement le coup en début de matinée, les Bourses européennes ont retrouvé des couleurs dès la mi-journée.

La dégradation de la note espagnole “n’est pas totalement une surprise mais elle pèse sur le moral des marchés en zone euro, puisqu’elle s’ajoute à une série d’événements négatifs”, a estimé Kintai Cheung, économiste chez Crédit Agricole CIB.

Elle vient en effet s’ajouter aux incertitudes politiques notamment en France, avec la présidentielle où le candidat socialiste, François Hollande, est arrivé en tête au premier tour.

Cette dégradation intervient également au moment où responsables économiques et politiques s’interrogent sur la manière dont les déficits peuvent être réduits dans un contexte économique déprimé, avec un recul du PIB attendu de 0,3% en 2012 en zone euro, selon le FMI.

Car la rigueur conduit aussi à la récession, comme en Espagne, mais également au Royaume-Uni, compliquant la tâche de réduction des déficits.

Elle est également source d’instabilité politique, comme en témoigne la situation en Tchéquie où le Premier ministre, Petr Necas, dont les mesures d’austérité sont contestées, jouait vendredi sa survie lors d’un vote de confiance au Parlement.

Aux Pays-Bas, quelques jours à peine après la démission de son gouvernement, victime d’un désaccord sur la réduction des déficits, le Parlement a finalement approuvé jeudi soir le budget de rigueur réclamé par Bruxelles.

Selon Jesus Castillo, spécialiste de l’Europe du Sud chez Natixis, “on a atteint les limites des politiques d’austérité menées à travers l’Europe: l’austérité à tout-va se traduit au final par moins de consommation, donc moins de TVA, plus de chômage, donc moins d’impôt sur le revenu”.

Conscient de ces écueils, les Européens pourraient d’ailleurs se réunir dans les semaines qui viennent pour commencer à définir les contours d’une stratégie de croissance.

La brèche a été ouverte par M. Hollande, favori des sondages pour le second tour de l’élection en France qui se déroule dimanche 6 mai, en proposant de renégocier le pacte européen de discipline budgétaire, pour y ajouter une dimension de croissance.

D’abord raillé, M. Hollande a fini par recevoir des soutiens en Europe, face à l’austérité, incarnée par la chancelière allemande Angela Merkel qui a redit son opposition catégorique à une renégociation du pacte.

“Ce n’est pas l’Allemagne qui va décider pour l’ensemble de l’Europe”, a rétorqué M. Hollande.

La chancelière “travaillera bien et en confiance avec le président français quel qu’il soit”, a tempéré vendredi son porte-parole, Steffen Seibert.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le chef du gouvernement italien, Mario Monti, ont écarté toute idée de relance par la dépense publique, se démarquant implicitement du socialiste français.

“La croissance doit se faire en se concentrant progressivement sur la compétitivité et non en augmentant les niveaux d’endettement”, ont-ils prévenu dans un communiqué commun.