Vaca Muerta : mystère et polémique derrière l’expropriation de Repsol d’YPF

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ège de Repsol, le 13 avril 2012 à Madrid (Photo : Dominique Faget)

[28/04/2012 09:47:43] BUENOS AIRES (AFP) Le gisement argentin de Vaca Muerta (sud-ouest), riche en pétrole et gaz de schiste, crée la polémique depuis que le groupe pétrolier espagnol Repsol l’a désigné comme la raison de son expropriation de sa filiale YPF, mais les experts sont divisés.

La présidente argentine a décidé le 16 avril d’exproprier partiellement Repsol, qui contrôlait jusqu’ici à hauteur de 57,4% la compagnie YPF. L’Etat argentin et les provinces doivent prendre le contrôle d’YPF à hauteur de 51%. une décision qui a été jugée “hostile” par le gouvernement espagnol.

Cristina Kirchner a encore défendu vendredi sa décision et remercié l’opposition pour son appui législatif, lors d’un rassemblement dans un stade de football à Buenos Aires.

Au lendemain de l’annonce, le 16 avril, par la présidente argentine Cristina Kirchner de l’expropriation partielle de la compagnie YPF contrôlée à hauteur de 57,4% par le groupe espagnol, le président de Repsol, Antonio Brufau, a lâché: Vaca Muerta “est au coeur de l’intérêt qu’avait le gouvernement argentin à prendre le contrôle d’YPF”.

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ésidente argentine Cristina Kirchner, le 27 avril 2012 à Buenos Aires (Photo : Alejandro Pagni)

Jeudi, en pleine page des journaux argentins, Repsol faisait valoir que son activité avait permis “la découverte, après cinq années de travail et plus de 400 millions de dollars (300 millions d’euros) d’investissements, des ressources non conventionnelles de Vaca Muerta”.

Le projet de loi d’expropriation de Repsol de sa filiale argentine YPF a été adopté le même jour au Sénat en première lecture, à une très large majorité: 63 pour, 3 contre. Un résultat similaire est attendu à la Chambre des députés.

Début novembre, Repsol avait annoncé la découverte à Vaca Muerta de l’une des réserves d’hydrocarbures non conventionnelles (pétrole et gaz de schiste) parmi “les plus grandes et de la meilleure qualité au monde”.

Grâce à cette zone, l’Argentine a été placée troisième au monde pour ce type d’hydrocarbures, derrière les Etats-Unis et la Chine, selon une étude de département américain de l’Energie.

“Il est possible que ce soit l’une des raisons”, a répondu à l’AFP le géologue Daniel Kokogian, sur la question de savoir si le potentiel de cette zone pouvait avoir précipité la décision d’exproprier Repsol d’YPF à hauteur de 51%.

Presque aussi étendue que Taiwan, Vaca Muerta a une superficie de 30.000 km2, dont 12.000 km2 sont détenus par YPF. La partie la plus grande se trouve dans Neuquén et l’autre dans Mendoza, deux provinces frontalières du Chili.

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Argentine exproprie en partie YPF

D’autres experts, en revanche, sont convaincus que Vaca Muerta n’a pas été la pomme de discorde.

“Je ne vois pas de rapport”, a estimé un autre géologue, Gualter Chabli. “On parle beaucoup de Vaca Muerta, mais on ignore tout des aspects techniques”. “Or, ce sont là des ressources non quantifiées”, a-t-il souligné, ajoutant: “On ignore même si son exploitation est rentable”.

Pour lui, “ce ne sont pas des réserves: on est au tout début de l’exploration des ressources non conventionnelles et l’extraction est extrêmement coûteuse”.

A ce jour, les résultats d’exploration ont été positifs dans 26 puits, mais le pétrole et le gaz de trouvent sous des formations rocheuses peu perméables. On doit donc, pour libérer les flux, les percer en exerçant sur elles une très forte pression.

“Pour développer cette zone d’hydrocarbures non conventionnels, appelés également +shale oil+ (pétrole de schiste) et +shale gas+ (gaz de schiste), il faut investir 1,5 milliard de dollars par an sur une très longue période”, a expliqué de son côté le consultant Eduardo Barreiro.

Il a fallu investir entre 8 et 10 millions de dollars pour explorer les puits existants, a fait valoir M. Kokogian.

“Même si on parvenait à baisser de 30 à 40% les coûts dans l’étape de développement, il faudrait pour 100 puits, rien qu’en perforations, entre 5 et 15 milliards de dollars d’investissement”, a estimé cet expert.

La découverte de Vaca Muerta (“vache morte”), appelée ainsi parce que le bétail ne peut survivre dans une terre aussi désertique, date en réalité de plusieurs décennies et un puits de pétrole y fonctionne depuis 1984.

Ce qui bouleverse la donne, ce sont les nouvelles technologies qui permettent d’accéder à des formation rocheuses auparavant inaccessibles grâce à des perforations horizontales. Des technologies qui requièrent, elles aussi, des investissements extrêmement élevés.