Les maisons de ventes d’art misent sur Moscou, capitale des milliardaires

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à Moscou, le 11 avril 2012 (Photo : Alexander Nemenov)

[29/04/2012 12:48:38] MOSCOU (AFP) Moscou, capitale mondiale des milliardaires, est devenue en un peu plus d’une décennie une place de choix pour le marché de l’art, que courtisent désormais les grandes maisons d’enchères internationales.

Présentes en Russie depuis les années 1990, les deux principales maisons londoniennes, Christie’s et Sotheby’s, multiplient les expositions pour séduire les amateurs d’art dans cette ville qui, selon le dernier classement du magazine Forbes paru en mars, compte le plus de milliardaires au monde.

“A Moscou, il y a de l’argent, c’est pour cela que Christie’s et Sotheby’s y font tant d’efforts”, souligne Irina Kolossova, directrice de l’Institut russe de négoce d’art et d’antiquités, qui forme des experts.

Ainsi, mi-avril, Christie’s a exposé pendant trois jours dans un hôtel particulier du centre de Moscou une quinzaine de chefs d’oeuvre, allant d’un portrait de Rembrandt à un tableau de l’artiste contemporain Damian Hirst en passant par une toile du début du XXe siècle du Russe Piotr Kontchalovski, avant leur mise en vente à Londres et New York dans quelques semaines.

“Les collectionneurs russes représentent 8 à 10% de notre chiffre d’affaires mondial”, qui s’est établi à 5,7 milliards de dollars en 2011, souligne Matthew Stephenson, directeur en Russie de la maison d’enchères.

Ces amateurs d’art fortunés n’hésitent pas à acheter les oeuvres des plus grands artistes.

“Les collectionneurs russes achètent de tout, enfin pas n’importe quoi, mais tout ce qu’il y a de mieux. Aussi bien dans la peinture occidentale que parmi les grands noms de la peinture russe”, explique l’un d’entre eux, Alexeï Oustinov.

“La Russie, comme d’autres marchés émergents, rejoint maintenant le marché mondial de l’art à la recherche des oeuvres les plus belles”, confirme M. Stephenson.

“Nous avons vraiment vu un bond dans nos ventes (venant d’acheteurs russes, ndlr) à partir de 2004, d’abord essentiellement dans l’art russe”, un phénomène qui a permis de faire revenir au pays de nombreuses oeuvres disséminées à travers le monde, explique le responsable.

Mais les acheteurs russes montrent aussi désormais “un intérêt croissant pour d’autres domaines, d’autres cultures, d’autres oeuvres d’artistes étrangers”, ajoute-t-il.

Pour ces collectionneurs, qui ont souvent fait fortune dans le gaz, le pétrole ou les métaux, l’achat d’oeuvres d’art est aussi un placement particulièrement intéressant.

“En moyenne, le prix des oeuvres d’art augmente de 15 à 20% par an. Il est peu probable qu’une action en Bourse ou un autre investissement donne de tels rendements”, souligne M. Oustinov.

La crise économique de 2009, qui a pourtant frappé de plein fouet la Russie, n’a finalement pas eu d’effet notable sur ce marché.

“Cette crise n’a pas eu beaucoup d’influence sur les ventes d’oeuvres de premier plan”, indique M. Oustinov. Celles d’artistes moins connus ont subi une “certaine stagnation”, reconnaît-il toutefois, tout en se disant sûr que tout rentrerait bientôt dans l’ordre.

Signe que le marché se développe, des maisons d’enchères russes commencent elles aussi à vendre des oeuvres pour des sommes rondelettes, même si elles sont encore loin du chiffre d’affaires des maisons internationales, indique Mme Kolossova.

En avril 2011, la maison Chichkine a par exemple vendu à Moscou une toile de Piotr Kontchalovski pour 20,9 millions de roubles (540.400 euros).