Le promoteur de Syphax Airlines n’est pas au bout de ses peines. Dimanche 29 avril fut une journée de calvaire pour Mohamed Frikha. En effet, les employés de Tunisair handling ont refusé d’appliquer la convention signée entre les deux compagnies se rapportant au service de manutention. Le feuilleton a duré toute la journée d’hier. Le matin à Djerba et l’après-midi à l’aéroport Tunis-Carthage, les avions de Syphax Airlines ont été boycottés par les employés de Tunisair Handling.
Prévu très tôt le matin, l’avion de Syphax Airlines n’a pas pu décoller de l’aéroport de Djerba-Zarziz qu’après plusieurs heures de retard, et après une action de représaille du personnel de Syphax Airlines qui ont bloqué les boxes de Tunisair avec le soutien des voyageurs et des touristes étrangers. L’après-midi, rebelote. Tunisair handling n’a pas voulu assurer la manutention de l’avion de la nouvelle compagnie Syphax Airlines, et encore une fois, la tension est montée d’un entre les employés des deux compagnies jusqu’à l’utilisation de la force.
Pendant ce temps, des contacts entre le ministère de Transport et des responsables de la compagnie ont eu lieu pour trouver une issue favorable à cette crise.
La veille du premier vol commercial de Syphax à destination de la France, son promoteur a été informé que l’accord avec Tunisair handling ne sera pas appliqué, et on lui propose de limiter ses rotations à 3 vols par semaine afin de bénéficier des services de manutention (handling) à l’aéroport de Tunis-Carthage au lieu des 5 vols prévus dans l’accord signé entre les deux compagnies et confirmé après la réunion avec le ministre du Transport et les hauts responsables de Tunisair.
Pire encore, le syndicat des ouvriers de Tunisair handling a campé sur ses positions, refusant ainsi d’assurer le service pour la nouvelle compagnie, au motif qu’il défend les intérêts de la compagnie nationale. L’accord signé entre Tunisair et Syphax Airlines permet à cette dernière de bénéficier de ce service payant dans tous les aéroports tunisiens sauf celui d’Enfidha géré par la TAV.
Suite au refus d’appliquer les closes de ce contrat, un député de la Constituante de la région de Sfax a demandé aux trois présidents (de la République, de l’Assemblée et du gouvernement) d’intervenir auprès du ministère du Transport et de Tunisair handling.
Selon une source bien informée, le ministère se trouve incapable de faire appliquer cette convention; il aurait même conseillé au promoteur de Syphax Airlines de temporiser… Mais plus grave encore, la réponse sur l’éventualité du boycottage des compagnies françaises, qui assureront à partir du mois de juin la même ligne que Syphax Airlines, notamment Transavia, Air Azur et Air Méditerranée, est on ne peut plus claire, selon notre source.
Par ailleurs, un sit-in de soutien à Syphax Airlines est prévu aujourd’hui devant l’agence de Tunisair à Sfax car on est passé des menaces à la pratique, et c’est d’autant plus grave qu’il s’agit d’un promoteur national.
Quelle image veut-on donner à notre Tunisie postrévolutionnaire? Les discours politiques incitent les investisseurs nationaux et étrangers à créer de l’emploi, sauf que l’investisseur national doit galérer pour le faire. Alors y a-t-il un complot contre cette compagnie qui a choisi Sfax comme base opérationnelle? C’est la question que tout le monde se pose… notamment à Sfax.