La multinationale américaine Fidelity International, acteur majeur du monde de la gestion et des services financiers, aurait abandonné le projet de créer, au technopôle Ennahli (extension du technopôle El Ghezala), une nouvelle plateforme informatique off shore devant créer 1.400 emplois et mobiliser un investissement de 100 millions de dinars.
Rien n’a filtré encore sur les motifs de cette décision. Mais par recoupement, les observateurs avancent deux raisons principales qui auraient forcé la décision de l’investisseur américain: un problème foncier et un autre de rentabilité.
S’agissant du premier, il concerne, selon la chargée des affaires foncières et des litiges, pour la région de l’Ariana, Mme Monia Bchir (citée par l’agence TAP), l’usurpation, depuis plus d’une année, du lot de terrain sur lequel devrait être bâti la nouvelle unité, par un citoyen et sa famille, qui prétendent être les propriétaires de ce terrain relevant en principe du domaine de l’Etat. Le lot de terrain, objet de litige, s’étend sur près de 13 hectares. Le gouvernorat de l’Ariana, secoué par cet abandon et son corollaire la perte sèche de précieux emplois en cette période difficile, a décidé d’entreprendre une action en référé contre les squatters.
Concernant le second motif, Fidelity n’est plus, apparemment, convaincue de la compétitivité du site Tunisie avec les modestes résultats réalisés par sa filiale déjà implantée en Tunisie, HR Access et avec l’accroissement du coût de l’investissement, le terrain n’est plus cédé au technopôle El Ghezala-Ennahli au dinar symbolique.
Cette non satisfaction du groupe s’est manifestée, de manière criarde, cinq jours avant la révolution du 14 janvier, lorsque le groupe avait fermé, provisoirement, ses bureaux en Tunisie et aidé des dizaines de ses collaborateurs étrangers à quitter la Tunisie.
Pourtant, rien ne prévoyait un tel scénario d’autant plus qu’au mois de janvier dernier, un des hauts responsables du groupe, en l’occurrence, Delfet Sparg (Allemagne), avait rencontré le Premier ministre Hamadi Jebali. Le communiqué insipide rendu public à l’issue de l’entretien n’avait donné aucune indication précise sur les intentions de la multinationale américaine.
Interpellé sur ces informations-rumeurs qui prêtent au groupe Fidelity Investments l’intention d’abandonner son projet de plateforme informatique, Riadh Bettaieb, ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale a été plus clair. Selon lui, ce projet a connu du retard en raison de la lenteur qui a marqué les procédures d’octroi des autorisations et que son département a eu trois entretiens avec M. Delfet Sparg, responsable du groupe pour la zone Europe.
Ce dernier a informé les Tunisiens que la société Fidelity est toujours intéressée par le projet et qu’elle est déterminée à achever les plans de l’unité (actuellement à 90%), mais pour 2012, le groupe a préféré se concentrer sur le redressement de ses filiales en Europe en difficulté et reporter à plus tard la plateforme de Tunis.
Toujours d’après Riadh Bettaieb, les Tunisiens ont demandé au groupe de notifier par écrit sa décision d’abandon-suspension, voire son désengagement du projet pour permettre à d’autres investisseurs en attente pour le reprendre et promis à Fidelity de mettre à sa disposition un nouveau terrain industriel si jamais la société changeait d’avis et décidait de retourner s’implanter en Tunisie.
Abstraction faite de ces éclairages, il faut dire que la bureaucratie et le peu de conscience professionnelle de l’administration des enjeux et des exigences de l’Investissement direct étranger (IDE), sont les premiers responsables des décisions d’abandon de projets à effet d’annonce comme celui de la plateforme informatique d’un géant comme Fidelity, une entreprise indépendante avec plus de 161 milliards d’euros d’actifs sous gestion.