Etihad se renforce en Europe en entrant au capital d’Aer Lingus

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érence de presse à Farnborough, en juillet 2008 (Photo : Carl de Souza)

[01/05/2012 11:35:33] PARIS (AFP) La compagnie aérienne nationale des Emirats arabes unis Etihad Airways a étendu un peu plus sa toile en Europe mardi, en prenant une participation dans l’irlandaise Aer Lingus qui devrait déboucher sur une coopération.

La compagnie émirati a pris 2,987% du capital, a-t-elle annoncé dans un communiqué diffusé à Paris, pour un montant non dévoilé.

Ceci “reflète son désir de mettre en place un partenariat commercial avec la compagnie nationale irlandaise”, explique Etihad. Elle “pense qu’un éventuel partenariat pourrait générer des bénéfices commerciaux significatifs pour les deux compagnies”.

Aer Lingus a précisé de son côté que le groupe émirati lui a fait part de sa volonté de ne pas augmenter cette participation en attendant le résultat des discussions en cours. Elles portent sur un partage de codes (“code sharing”), qui leur permettrait de partager les places à bord d’un appareil et de les commercialiser chacune sous son nom.

Ces négociations pourraient être étendues à d’autres domaines comme des achats en commun.

Les deux plus gros actionnaires d’Aer Lingus sont la compagnie à bas coûts Ryanair et le gouvernement irlandais. Ce dernier avait dit vouloir vendre les 25% qu’il détient au capital, dans le cadre d’un plan de vente de trois milliards d’euros d’actifs pour financer le remboursement de la dette du pays.

La prise de participation d’Etihad “n’affecte pas l’avenir d’Aer Lingus, qui pourra seulement être décidé quand et si le gouvernement irlandais vend sa part de 25%”, a réagi le patron de Ryanair Michael O’Leary, qui a des vues sur Aer Lingus.

Il a mis en garde contre un risque de dislocation d’Aer Lingus si ces 25% tombait dans les mains d’Etihad ou d’un investisseur financier.

Des discussions informelles avec Air France-KL

La jeune compagnie émirati, née il y a neuf ans, n’en est pas à son coup d’essai en Europe. Fin 2011, elle a volé au secours de la deuxième compagnie aérienne allemande Air Berlin, très endettée. Elle a pris 27% du capital d’Air Berlin pour 95 millions de dollars (73 millions d’euros), portant sa participation totale à 29,21% et compte en rester là. En échange, Etihad s’est offert un accès élargi au marché allemand.

Un mois plus tard, elle a pris 40% dans Air Seychelles, elle aussi mal en point.

Etihad a aussi approché le géant européen Air France-KLM, dont le président Jean-Cyril Spinetta a reconnu en mars mener des discussions informelles en vue d’un éventuel accord commercial, invoquant le pragmatisme au moment où le groupe franco-néerlandais est en grandes difficultés.

Il avait toutefois précisé que ces négociations ne portaient pas sur une éventuelle prise de participation.

Une alliance avec la compagnie d’Abou Dhabi permettrait à Air France-KLM d’améliorer sa desserte du Moyen-Orient. Elle la renforcerait surtout face à Emirates, un autre transporteur émirati très dynamique.

Etihad a bâti son modèle économique sur des partenariats commerciaux, que ce soit avec American Airlines, la japonaise ANA ou bien sur le Vieux continent l’italienne Alitalia, depuis peu avec la belge Brussels airlines, la tchèque Czech Airlines, ou encore en Chine avec China Eastern Airlines.

Son patron James Hogan avait dit lors de la présentation des résultats annuels début février qu’Etihad “continuait de surveiller toutes les opportunités”.

Etihad, dont le hub est à Abou Dhabi, a transporté 8,3 millions de passagers en 2011. Avec une flotte de 67 avions, elle dessert 84 destinations passagers et cargo au Moyen-Orient, en Afrique, en Europe, en Asie, en Australie et en Amérique du nord.