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[03/05/2012 11:04:45] MADRID (AFP) L’Espagne a levé jeudi 2,516 milliards d’euros lors d’une émission obligataire à trois et cinq ans, la première depuis la dégradation de deux crans de sa note souveraine par Standard & Poor’s, et sans surprise ses taux d’intérêt ont donc grimpé.
La demande des investisseurs est restée forte, dépassant les 8 milliards d’euros, ce qui a permis au Trésor d’emprunter un peu plus que la fourchette prévue (1,5 à 2,5 milliards), mais à un coût plus élevé, les taux passant au-dessus des 4% sur les deux échéances, selon un communiqué de la Banque d’Espagne.
Le taux moyen de l’émission à trois ans a ainsi atteint 4,037%, contre 2,617% lors de la dernière émission similaire, le 1er mars.
Ceux des émissions à cinq ans, avec deux références proposées, ont été de 4,752% et 4,960%, bien plus que ceux des dernières émissions comparables, 3,565% le 2 février et 3,696% le 17 février 2005.
L’Espagne vit depuis quelques semaines un regain de tension sur les marchés, qui s’est encore ressentie mercredi, amenant la Bourse de Madrid à clôturer en forte baisse, de 2,55%, à son plus bas niveau en trois ans.
Le pays, mis sous pression par ses partenaires pour assainir ses finances publiques, inquiète aussi en raison de son secteur bancaire.
Ce dernier, ayant accordé des crédits à tout-va pendant la bulle immobilière, il est fragilisé depuis son éclatement en 2008.
Selon la Banque d’Espagne, fin 2011 il accumulait 184 milliards d’euros d’actifs immobiliers problématiques, soit 60% de son portefeuille.
Standard and Poor’s s’en est inquiétée jeudi dernier, voyant “une probabilité croissante que l’Etat espagnol doive fournir un soutien budgétaire supplémentaire au secteur bancaire”, ce qui l’a amenée à abaisser de deux crans la note souveraine de l’Espagne, de A à BBB+.
Lundi, l’agence a cette fois dégradé les notes de neuf banques espagnoles, dont Santander et BBVA.
La semaine dernière, le FMI aussi appelait l’Espagne à aller plus loin dans l’assainissement de ses banques afin de “remédier aux faiblesses qui demeurent”.
Les autorités espagnoles ont déjà imposé aux banques du pays de nettoyer leur bilan des actifs immobiliers risqués, en réalisant pour 53,8 milliards d’euros de provisions.
Elles pourraient désormais adopter une solution plus radicale, en mettant de côté ces actifs risqués dans ce qui constituerait une structure de défaisance ou “bad bank”.
Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Economie a confirmé envisager ce mécanisme mais a insisté qu’il se ferait sans apport de fonds publics.