éseaux sociaux le 2 mai 2012 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[03/05/2012 14:50:02] ATHENES (AFP) La pénurie de moyens financiers en Grèce et le discrédit subi par la classe politique traditionnelle ont obligé les partis à accélérer leur conversion à Internet et le recours aux médias sociaux pour une campagne efficace et pas trop chère, en vue des législatives du 6 mai.
Confrontés depuis plusieurs mois à la colère des citoyens face à la rigueur, les députés socialistes Pasok, les conservateurs de la Nouvelle-Démocratie (ND) mais aussi les petits partis créés récemment par des dissidents des grandes formations, ont trouvé un refuge sur la toile pour faire une campagne protégée des “yaourtages”, l’entartage façon grecque qui sévit depuis plusieurs mois, s’accordent les experts.
Depuis les dernières législatives en 2009, la Grèce a vu augmenter le nombre de partis sur les réseaux sociaux, une tendance reflétant plutôt les difficultés de la campagne actuelle que la hausse du taux de pénétration de la toile en Grèce, l’un de plus bas de l’Union européenne.
“La crise économique est la raison clé de l’adhésion des partis aux réseaux sociaux: il n’y a pas d’argent pour la publicité télévisée ni pour les tracts et les responsables politiques hésitent à sortir dans les rues”, explique à l’AFP George Pleios, professeur associé de communication à l’Université d’Athènes.
Plusieurs ministres, députés Pasok ou ND ont été pris à partie ces derniers mois par des indignés, militants d’extrême droite ou gauche.
“Je ne peux pas sortir prendre un café avec ma femme”, a récemment déploré à la radio privée Skaï Georges Papaconstantinou, ancien ministre socialiste des Finances, artisan de la première aide internationale accordée à la Grèce en 2010.
Mais seuls “40% des Grecs utilisent actuellement internet contre 80% au Royaume-Uni”, souligne M. Pleios, et les partis ont dû s’adapter à la toile d’une manière précipitée.
“Il y a quelques années, faire de la politique via les réseaux sociaux, c’était surtout un moyen de se montrer, compter le nombre de ses ++amis++. Aujourd’hui c’est un moyen d’exprimer sa colère”, souligne Ilias Natsios, expert des médias sociaux travaillant pour un candidat socialiste.
L’ouverture il y a quelques années d’un compte Facebook par l’ancien Premier ministre socialiste Georges Papandréou, l’un de premiers hommes politiques à se lancer sur internet, avait été à l’époque perçue comme une bizarrerie.
Partant favori pour les élections de dimanche, la ND n’était pas présente sur internet lors des élections de 2009, rappelle Dimitris Ptochos, aujourd’hui à la tête d’une équipe de vingt bénévoles travaillant au département informatique du parti.
De plus, la majorité des partis grecs, lourdement endettés, ne sont pas en mesure de financer les rassemblements de masse du passé, quand des milliers de militants étaient convoyés de province vers Athènes ou Salonique (nord).
Le ministre de l’Intérieur, Tassos Yannitsis, a révélé en début d’année que leurs dettes bancaires s’élevaient à 245 millions d’euros.
Finis aussi les grands kiosques électoraux multicolores installés par les partis sur les places équipés d’écrans vidéos et remplis de militants distribuant des tracts.
Le discrédit de la classe politique, surtout du Pasok et de la ND ayant gouverné le pays pendant plus de trois décennies, a fait émerger ces derniers mois de nouveaux petits partis qui ont aussi bien profité de la toile.
Ainsi, Panos Kammenos, dissident de la Nouvelle Démocratie, a ouvert en février le compte Facebook de son parti nationaliste “Grecs Indépendants”, le jour même de l’annonce de la création du parti.
Pour Spiros Rizopoulos, directeur des relations publiques de la société de communication Spin, “les réseaux sociaux ont créé une nouvelle réalité et donnent l’occasion aux gens de parler”.
“Mais cela finit rarement par décrocher des voix; ce n’est pas parce que les politiciens travaillent sur les réseaux sociaux que les gens les accueillent à bras ouverts”, dit-il.