Nous avons cru que la révolution permettrait à certaines plumes de se réviser et
de revoir leur manière et leur éthique, afin de pouvoir figurer dans le nouveau
paysage médiatique du pays, libéré de la haine et de coups bas et des vilaines
paroles que le régime de Ben Ali
utilisaient contre ses opposants chaque fois
qu’il en avait besoin. Nous avons cru que la liberté retrouvée est capable, à
elle seule, d’imposer une nouvelle éthique que nul texte ne peut imposer.
Nous avons visiblement tort.
Après plus d’un an de liberté et après la parution de dizaines de nouveaux
titres et médias dans la Tunisie d’après la révolution et après tout ce qui a
été écrit et dit par les organisations professionnelles et les ONG locales et
internationales, nous assistons depuis peu au retour de la langue de vipère que
nous avions cru disparue de nos journaux. Nous assistons à la parution de textes
haineux, racistes et vociférant les insultes les plus blessantes… Nous assistons
à des pratiques irrespectueuses qui ont d’abord commencé sur les réseaux sociaux
et qui, ainsi banalisées, se sont invitées sur les Unes de certains journaux …
En plus, une lecture un tant soit peu approfondie débusque immédiatement un
autre danger qui attend nos médias, l’argent douteux… En effet, et comme le dit
si bien l’adage, un chat ne chasse pas pour rien, et l’odeur de l’argent sale ne
se dissout pas dans la littérature. Il est évident que certains intérêts privés
se sont trouvés un nouveau moyen pour se refaire une virginité ou pour se gagner
un strapontin près du pouvoir nouveau, et ils ont su bien exploiter le besoin
d’argent qu’ont certains
médias et certaines personnes propriétaires de ces
médias …
La liberté retrouvée dont bénéficient aujourd’hui les Tunisiens n’est pas
exempte de certaines maladresses inhérentes à ce que les journalistes ont
enduré, comme tout le peuple tunisien, des années durant de la langue de bois.
Les médias, comme le pays, n’a pas pu cumuler une expérience de liberté qui lui
serait de bon conseil devant les excès. Cependant, ceci ne cache point le fait
que des avancées bien réelles ont été réalisées et que nous devons continuer
cette nouvelle bataille de la liberté malgré les excès et les maladresses et
enfin de compte nul n’avance sans savoir reculer!