ès argentin, le 3 mai 2012 à Buenos Aires (Photo : Juan Mabromata) |
[04/05/2012 05:40:04] BUENOS AIRES (AFP) Le Congrès argentin a adopté jeudi soir définitivement, à une large majorité, la loi expropriant à hauteur de 51% Repsol de sa filiale YPF, le groupe pétrolier espagnol et l’Argentine devant maintenant s’affronter devant les tribunaux internationaux.
Après le Sénat, la Chambre des députés a adopté le projet de loi du gouvernement par 207 voix pour, 32 voix contre et 6 abstentions, le parti au pouvoir disposant d’une majorité des sièges et d’un soutien écrasant des membres de l’opposition sur ce dossier.
Une foule de militants du parti au pouvoir qui entourait le Congrès a alors explosé de joie et commencé à entonner des chansons.
Le Sénat avait adopté ce projet il y a une semaine en première lecture par 63 voix pour, 3 voix contre et 4 abstentions.
La présidente argentine Cristina Kirchner a décidé le 16 avril d’exproprier partiellement YPF, contrôlée par la compagnie espagnole Repsol à hauteur de 57,4%.
L’Etat argentin et les provinces, qui accusent Repsol de ne pas avoir assez investi, doivent en prendre le contrôle à hauteur de 51%. L’Argentine fait face à une hausse vertigineuse de ses importations d’hydrocarbures (+110% à 7,1 milliards d’euros en 2011).
La décision d’exproprier a été critiquée par l’Union européenne et les Etats-Unis et a valu à l’Argentine des représailles commerciales de l’Espagne.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Garcia Margallo, a appelé jeudi l’Argentine à suivre l’exemple de la Bolivie – autre pays sud-américain ayant exproprié une filiale espagnole – et à faire appel à un organisme indépendant pour calculer l’indemnisation.
“Repsol n’a pas investi en Argentine parce que nous avons fixé le prix (du pétrole) à 50 ou 60 dollars pour favoriser la croissance et non le prix international que (le groupe espagnol) demandait”, a déclaré le chef du groupe du parti au pouvoir à la Chambre, Agustin Rossi.
ès argentin de la loi expropriant à hauteur de 51% Repsol de sa filiale argentine YPF, le 3 mai 2012 à Buenos Aires (Photo : Juan Mabromata) |
L’opposition radicale a massivement voté le projet de loi tout en émettant des critiques, tout comme le Front Progressiste (socialiste) de Hermes Binner, rival malheureux de la présidente Kirchner à l’élection présidentielle d’octobre.
“La compagnie pétrolière a été démantelée (par Repsol)”, a accusé le député radical Rodolfo Fernandez, déplorant que Repsol “ait payé 13 milliards de dollars (pour) et pris 21 milliards en dividendes”.
Repsol a estimé que sa part dans YPF valait 10,5 milliards de dollars (8 milliards d’euros) et annoncé qu’il allait demander “une compensation à travers l’arbitrage international”, qui devra être “au moins égale” à ce prix.
Le vice-ministre argentin de l’Economie Axel Kicillof a accusé Repsol de cacher 9 milliards de dollars de dette chez YPF, en partie sous forme d’investissements, et de faire une valorisation “imprudente” de sa filiale.
Mais la bataille judiciaire s’annonce très longue.
Dans le cas du Français Suez, qui réclame 930 millions d’euros à l’Argentine après avoir perdu en 2006 sa concession pour la distribution d’eau potable dans la banlieue de la capitale, le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi) a reconnu en 2010 la responsabilité de Buenos Aires.
Or, à ce jour le montant du dédommagement n’a pas été fixé.
Des 146 litiges en attente de règlement au Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements de la Banque mondiale, 25 concernent l’Argentine, le pays qui en a le plus, devant le Venezuela (20).