Selon un nouveau de la Banque africaine de développement (BAD), présenté jeudi 3 mai à Tunis et intitulé “Nouvelle Libye, nouveau voisinage : Quelles opportunités pour la Tunisie ?“, la Libye de l’après Kadhafi recèle des perspectives importantes de développement économique et social aussi bien pour le pays que pour ses pays voisins, dont la Tunisie.
Les auteurs de ce rapport rappellent que “la crise libyenne a eu des effets négatifs sur la Tunisie, selon un précédent rapport de la Banque. Mais la présence des ressortissants libyens, qui ont cherché refuge sur le territoire tunisien pendant les troubles, et la demande massive des exportations tunisiennes à destination de Libye, ont apporté une bouffée d’oxygène à l’économie tunisienne“.
Et avec la fin de la guerre civile, la Libye attire un nombre de travailleurs tunisiens encore plus important que celui de ceux qui étaient de retour lors de l’éclatement du conflit dans ce pays. Cependant, des obstacles persistent encore, notent les experts de la BAD : “En dépit de ces avantages, de nombreuses barrières au commerce, à l’investissement et aux mouvements de personnes qui existaient auparavant en Libye sont susceptibles de continuer à prévaloir du moins dans le court terme“, estiment-ils. Parmi ces barrières, ils soulignent les problèmes de résidence et d’octroi de permis de travail pour les Tunisiens en Libye, le problème de création de l’entreprise et la garantie des transferts, l’omniprésence des contrebandes et le développement du marché parallèle.
A partir de ces constats, le rapport de la Banque s’est attelé à identifier les opportunités à même de favorisant une intégration plus poussée et à proposer des solutions afin de permettre à la Tunisie de jouer un rôle central dans la reconstruction de la Libye et, par ricochet, d’en tirer profit.
Pour ce faire, plusieurs mesures s’imposent, selon les analystes de la BAD. La première de ces mesures consiste en le renforcement de l’accompagnement du système bancaire et l’harmonisation des procédures de paiement afin de promouvoir le commerce et les investissements bilatéraux entre les deux pays voisins. Il s’agit également de développer une stratégie d’accompagnement de l’immigration des travailleurs tunisiens en identifiant les besoins du marché de travail libyen afin de cadrer les flux migratoires.
En outre, les experts de la BAD considèrent important d’interconnecter et de densifier les réseaux de transport liant les deux pays, qui jouent un rôle important dans l’intensification des flux d’échange et la mobilité des travailleurs entre la Tunisie et la Libye.
Quant à la dernière mesure, elle a trait à l’intégration régionale qui bénéficierait, elle aussi, de l’établissement d’un marché commun et de la mise en place progressive d’une communauté économique tuniso-libyenne pour incarner cette complémentarité entre les deux pays.