ée générale annuelle de la banque Barclays le 27 avril 2012 à Londres (Photo : Ben Stansall) |
[04/05/2012 10:18:18] LONDRES (AFP) La révolte des actionnaires contre les bonus et les salaires de certains grands patrons, jugés excessifs en temps de vaches maigres, fait tache d’huile au Royaume-Uni, encourageant le gouvernement à intervenir pour aider à imposer des limites.
La fronde a d’abord touché la banque Barclays: clouée au pilori pour la rémunération astronomique de son directeur général, le très impopulaire Bob Diamond, son rapport sur les rémunérations a été retoqué par près d’un tiers des actionnaires.
Alors que la saison des assemblées générales des entreprises cotées en Bourse bat son plein, le mouvement s’est vite étendu, prenant une ampleur inédite dans un pays soumis à une cure d’austérité draconienne et qui vient en outre de retomber officiellement en récession.
Face à la grogne qui montait, l’assureur britannique Aviva a contraint son directeur général, Andrew Moss, à renoncer à une augmentation qui lui aurait permis de dépasser la barre du million de livres annuel (1,2 million d’euros). Mais cela n’a pas empêché 54% des actionnaires de rejeter jeudi le rapport sur les rémunérations.
Ce type de vote n’étant que consultatif, le conseil d’administration a néanmoins maintenu que les hautes rémunérations dans l’entreprise étaient globalement “appropriées”.
De virulentes critiques ont également visé, pour des motifs similaires, le groupe minier Xstrata, le fonds d’investissement Man Group ou le groupe de presse Trinity Mirror, dont la directrice générale vient même de présenter sa démission pour tenter de calmer les esprits.
Comme dans le cas de Barclays, la valeur boursière de ces entreprises a lourdement chuté depuis un an, et les investisseurs digèrent mal les hausses accordées à des dirigeants aux performances pour le moins mitigées.
Le message à leur intention est clair: augmentez les dividendes avant de penser à vos gratifications…
“Barclays n’est pas gérée pour profiter à ses actionnaires, mais comme une vache à lait pour ses dirigeants et son personnel”, avait résumé un petit porteur lors de l’AG de la banque, dans une attaque largement relayée par les médias.
Le conseil d’administration de Man Group, un des plus grands fonds d’investissement du monde, a essuyé lui aussi des sifflets lors de son assemblée générale lorsque la question des rémunérations a été abordée.
Car, si le titre est au plus bas depuis plus de dix ans, ce n’est pas le cas du salaire de son directeur général, qui a perçu 7 millions de livres d’émoluments en 2011.
Le mouvement a été largement initié par des acteurs puissants du monde des affaires, au premier rang desquels l’Association des assureurs britanniques (ABI) dont les membres représentent environ 20% de la capitalisation de la Bourse de Londres.
La société de conseil PIRC, chargée de surveiller pour ses clients -notamment des fonds d’investissements- la gouvernance des entreprises, est également très active.
“Il est temps de placer les grosses rémunérations sous contrôle”, a-t-elle martelé mercredi, en appuyant les derniers projets du ministre du Commerce et des entreprises Vince Cable, un libéral-démocrate qui assure partager la colère de l’opinion contre les bonus “indécents” des banquiers et autres dirigeants de la City.
Sa principale proposition est de rendre légalement contraignant, d’ici à 2014, le vote des actionnaires sur les rémunérations.
L’ABI en a aussitôt approuvé le principe. Mais elle a précisé qu’elle ne soutenait pas pour autant la suggestion la plus audacieuse de M. Cable: imposer pour ce vote une “super-majorité” de 75% afin de donner une chance aux petits porteurs de faire entendre leur voix.