Nabeul est en train de connaître un jour sous haute excitation et tension. Moncef Marzouki s’y rend pour plusieurs visites. La ville est plombée par un excès de sécurité. Pourquoi?
Tous les vendredis, grâce à son marché hebdomadaire, la ville de Nabeul double d’énergie et de vie. Les habitants du Cap Bon viennent de tous les villages avoisinants pour passer chez le médecin, dans les divers guichets des administrations, et tous finissent à peu prés à la place du grand marché de vendredi. Touristes, élèves, étudiants, femmes, enfants, commerçants…
Ce vendredi matin (4 mai 2012), la situation était pour le moins que l’on puisse dire compliquée. La colère des habitants de la région grondait déjà dès 8h00 du matin. La cause? Ils se sont réveillés quasiment dans une ville en état de siège: des barrages de partout, un déploiement sécuritaire impressionnant voire effroyable, des rues fermées autour du siège du gouvernorat et de la Foire de Nabeul, puisque le festival du néroli s’y tient et que Marzouki s’y rend. Des centaines et des centaines d’agents de l’ordre en diverses tenues… quelques militaires en sus…
Rien que d’essayer de compter les forces de l’ordre qui sont déployées donne le tournis. Un instant, les âmes charitables ne comprenant pas encore ce qui se passait ont cru à une journée de stage ou de perfectionnement des forces du ministère de l’Intérieur pour mettre au point de nouvelles procédures dans l’objectif de veiller à la sécurité des citoyens. Il n’en est rien.
Le déploiement massif était pour Moncef Marzouki qui, après un détour par la zone industrielle de Grombalia, vient à Nabeul. Ces visites sont-elles du goût de tout le monde? Pas forcément, ces initiatives ne sont pas pour plaire à certains opérateurs économiques puisqu’elles troublent le rythme de production, retardent le carnet des commandes, perturbent le planning de visites de clients …
Si Moncef Marzouki est en campagne avant la campagne, qu’il multiplie alors les bains «populaires» ou de foule comme on dit. Il pourrait ainsi prendre le pouls et entrer en contact avec le peuple dont il se sait et sent si proche. Alors, pourquoi autant de sécurité? Combien coûte un tel déploiement? Pourquoi met-on autant de moyens pour assurer une sécurité disproportionnée alors que le peuple n’en finit pas de souffrir d’insécurité et de payer les tribus de la délinquance et du banditisme qui se sont installées dans tout le pays?
A force d’interrogation, on ne pourrait trouver réponse que dans un récent sondage dans lequel, pour le 5ème mois d’affilée, Moncef Marzouki perd du terrain mais demeure toujours en tête, avec 73% de confiance des Tunisiens. En effet, selon le sondage de 3C Etudes du mois d’avril, Moncef Marzouki ne jouit plus que de 16% d’intentions de vote.
Ses récentes déclarations concernant sa folie dans l’isolement y seraient-elles pour quelque chose? Ses attaques contre les touristes «pauvres» ont-elles eu un impact dans un pays et une région majoritairement vivant du tourisme comme le Cap Bon? Toujours est-il que, selon les premières réactions matinales, la présence de Moncef Marzouki ne fait pas forcément plaisir.
Faut-il avoir autant peur pour la vie de Moncef Marzouki comme autant de Ben Ali lorsqu’il se déplaçait? Peut-être bien… dans une ville où pendant les élections du 23 octobre, il n’a récolté que le vote de seulement 7.000 âmes!