A titre indicatif, c’est le cas de Saida Agrebi, ancienne présidente de l’Association des mères de Tunisie (AMT), actuellement sous surveillance judiciaire en France et menacée d’extradition. C’est le cas aussi de Belhassen Trabelsi, frère de Leila Trabelsi, réfugié au Canada, lequel, en dépit de la lettre adressée au peuple tunisien, ne serait plus le bienvenu dans le pays des terres des hommes libres.
La similitude des déclarations de ces «deux personnes» dit long sur le réseau de complicités dont ils ont bénéficié auprès de l’administration tunisienne, lors de leur «fuite» et continuent à en bénéficier, après le 14 janvier 2011, au point d’oser réclamer leur retour dans les règles de l’art. Les détails sont accablants.
Contactée par une radio locale privée, Saida Agrebi a démenti avoir fui le pays qu’elle a quitté, pour visiter son fils malade en France, munie de documents administratifs en règle (passeport valide et visa pour l’entrée en France).
Idem pour Belhassen Trabelsi. Selon son avocat, Fayçal Jaafar, il n’a pas fui le pays, mais l’a quitté par nécessité, muni de documents officiels en règle (tampons de la police des frontières…) à bord de son yacht accompagné des membres de sa famille vers l’Italie, dans une première étape, et vers le Canada, dans une seconde.
Exténués d’être traqués, tous deux ont souhaité, vivement, retourner au bercail pour peu qu’on leur garantisse dignité, liberté et sécurité. Tous deux ont déclaré que leur initiative de retourner au pays ne date pas d’aujourd’hui et remonte à 2011.
Mme Saida Agrebi dit avoir envoyé, avant son arrestation le 12 mars 2012 à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle en France, par Interpol, une lettre aux autorités tunisiennes concernées, depuis le 23 décembre 2011, afin de retourner au pays. Elle n’a rien dit toutefois sur l’identité du destinataire.
Quant à Belhassen Trabelsi, son avocat Fayçal Jaafar a déclaré que la lettre adressée au peuple tunisien par son client date du mois de juin 2011. Conséquence: les deux fuyards disposaient bien de complices à l’intérieur du pays et les informaient régulièrement de toutes les brèches à exploiter pour revenir au pays.
Pour provoquer la compassion des Tunisiens, les deux personnes, assistées par leurs avocats, ont développé dans leur missives et déclarations radiophoniques des pédagogies de victimisation et déclaré qu’elles ne mènent pas la belle vie à l’étranger: Saida Agrebi dit qu’elle resquille chez son frère chirurgien installé dans la banlieue parisienne, tandis que Belhassen Trabelsi aurait, selon son avocat, beaucoup maigri et serait devenu, par l’effet de «l’indigence», un zombie.
Chose bizarre, les deux personnes n’ont rien perdu de leur arrogance et suffisance. Saida est allée jusqu’à «rendre hommage au régime de Ben Ali au cours duquel la Tunisie a connu, 23 ans durant, «stabilité, justice et développement» et regretté, en sa qualité de constitutionnelle convaincue, «la dissolution du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) dans un pays qui se dit démocratique».
Par le biais de son avocat, Belhassen Trabelsi a tenu à préciser que sa lettre au peuple tunisien n’est pas «une lettre d’excuses», car selon lui, «celui qui s’excuse s’accuse».
Cette insolence postrévolutionnaire, ils la doivent au travail bien fait de leurs avocats qui ont convaincu leurs clients que leurs dossiers, aux yeux de la justice, ne sont pas aussi compromettants qu’on le pense et que la justice transitionnelle constitue l’occasion en or pour retourner au pays.
Evoquant sa poursuite en justice pour «abus de pouvoir» et «détournement de fonds», Saida Agrebi a indiqué que la plainte concerne tout juste une somme de 10 mille dinars retirés (un chèque au porteur) par son fils, le 14 janvier 2011, pour payer, en présence de témoins, le personnel de l’AMT.
Pour sa part, l’avocat de Belhassen Trabelsi estime que tous les abus dont est accusé son client relèveraient plus de privilèges obtenus, tout autant que des milliers d’hommes d’affaires tunisiens, que de délits condamnables par la loi, rappelant que si des abus ont été relevés au sein de sociétés dans le capital desquelles son client détient des participations, c’est aux structures de supervision (conseils d’administration et services de contrôle de l’Etat )d’en rendre compte.
Reste à savoir que pense le gouvernement de ces «fuyards» à cause des agissements desquels une révolution a ébranlé le pays et dévoilé les dégâts occasionnés par ces créatures au pays et à d’honnêtes personnes.
En réponse à la requête de retour de Saida Agrebi et Belhassen Trabelsi, Samir Dilou, ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle et porte-parole du gouvernement, a déclaré que ces deux «Tunisiens» peuvent rentrer en toute sécurité en Tunisie et qu’ils ne sont redevables qu’à la justice».
M. Dilou semble parler ici, plus en sa qualité d’avocat que de responsable politique.
Affaire à suivre…