Les marchés inquiets de l’issue des élections en Grèce mais pas d’une événtuelle alternance en France

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élos Vénizélos, le 4 mai 2012 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

[06/05/2012 07:13:32] PARIS (AFP) L’issue des élections en Grèce, qui pourraient mettre en péril le plan d’aide international accordé au pays, alarme davantage les marchés que l’éventuelle victoire à la présidentielle de François Hollande dont le programme n’est plus perçu comme une menace par les investisseurs.

“La semaine s’annonce à haut risque, mais paradoxalement la Grèce pèsera peut-être plus dans la balance que l’élection française”, estime Valérie Plagnol, directeur de la recherche chez Crédit Suisse.

A la différence de 1981, il semble que la perspective d’une victoire éventuelle du candidat socialiste à l’Elysée ne déstabilise pas les marchés.

La Bourse de Paris cède certes du terrain depuis plusieurs semaines, mais cette tendance est commune à l’ensemble des places financières européennes, minées par les craintes concernant l’économie de la zone euro.

Le coût de refinancement de la dette publique de la France n’a pas augmenté entre les deux tours de la présidentielle, Paris ayant emprunté jeudi près de 7,5 milliards d’euros à des taux en baisse.

“En cas de victoire, M. Hollande ne devrait pas remettre en cause le traité européen sur la stabilité financière, mais plutôt y adjoindre un volet sur la croissance. Sur ce point, il n’est plus seul à souhaiter cela en Europe, ce qui a tendance à rassurer”, explique Mme Plagnol.

Le chef du gouvernement italien, Mario Monti, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont souligné récemment leur volonté d’agir sur ce plan alors que le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, manifeste aussi l’intention de remettre cette thématique “au centre de l’agenda” européen.

Si les recettes divergent, plusieurs pistes sont à l’étude: augmenter les capacités d’emprunt de la banque européenne d’investissement (BEI), consacrer davantage les fonds structurels européens à la zone euro, instaurer des +project bonds+, des emprunts obligataires destinés à un projet spécifique, ou autoriser le mécanisme européen de stabilité (MES) à venir en aide à un secteur en difficulté et non plus uniquement à un Etat.

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à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

Pour Laurence Boone, chef économiste Europe pour la banque d’affaires américaine BofA-Merrill Lynch, une possible alternance en France n’inquiète pas car “les investisseurs s’attendent à la conduite d’une politique sociale modérée”.

En revanche, souligne Philippe Waechter, directeur des études économiques chez Natixis AM, “il faut regarder de près si le candidat est élu à une large majorité” car “dans le cas contraire, on peut craindre une série de triangulaires lors des législatives qui pourraient entraver certaines décisions en matière budgétaire”.

La Grèce, où ont lieu dimanche des législatives anticipées, cristallise en revanche beaucoup d’inquiétudes. “L’incertitude est considérable sur l’issue du scrutin. Sera-t-il possible de dégager une majorité stable ?”, s’interroge David Mackie chez JPMorgan.

Les opposants à l’austérité sont crédités par les derniers sondages de 45% environ, de l’extrême gauche à l’extrême droite.

S’il leur score est important, les créanciers du pays (Fonds monétaire international, Union européenne et BCE) risquent de suspendre au moins temporairement leur aide, s’inquiète Stéphane Deo chez UBS, selon lequel “le gouvernement ne pourra rapidement plus payer ses fonctionnaires et les retraites, ce qui engendrera de très vives tensions sur les marchés financiers”.

Même en cas de victoire des deux partis majoritaires – Nouvelle Démocratie (droite) et Pasok (socialistes) -, ces derniers pourraient être amenés à renégocier le second plan d’aide accordé en février pour dans l’espoir d’une reprise alors que le pays subit une cinquième année de récession.