élé de France 2 annonçant la victoire de François Hollande à la présidentielle, le 6 mai 2012 (Photo : France 2) |
[06/05/2012 19:08:41] PARIS (AFP) Une France devant sa télévision qui a attendu la nouvelle de l’élection de François Hollande jusqu’à 20H00, une autre sur Twitter au courant depuis 19H00: la loi électorale française a fracturé le pays en deux dimanche pour livrer le verdict de l’élection présidentielle.
Pendant que les chaînes de télévision meublaient tant bien que mal l’antenne jusqu’à l’heure légale pour éviter d’éventuelles lourdes amendes, le nom du vainqueur du scrutin était déjà accessible aux centaines de milliers de Français adeptes du réseau social.
Dès 18H30, une demi-heure après la fermeture des premiers bureaux de vote, plusieurs médias suisses et belges avançaient des “sondages” aux sources imprécises donnant environ 53% à François Hollande, au moment où les premières estimations arrivent dans les rédactions françaises et à l’Agence France-Presse (AFP).
Puis, à 18H50, le site web du quotidien suisse La Tribune de Genève précise: “selon l’institut de sondage Ipsos, le candidat socialiste recueillerait également 52%”. La RTBF avance elle aussi des premières estimations claires.
Trois minutes plus tard, à l’instar du premier tour, l’AFP annonce à ses abonnés l’élection de M. Hollande sous la forme d’un “flash”, après avoir précisé que “la diffusion de ces informations auprès du grand public est de (leur) seule responsabilité”.
“Le monde de l’information en France doit comprendre que l’AFP est une agence internationale, nos milliers de clients à l’étranger n’auraient pas compris de devoir attendre de nos concurrents anglo-saxons les premières estimations des résultats de l’élection présidentielle française”, a déclaré Emmanuel Hoog, Pdg de l’AFP.
“L’AFP avait un vrai devoir vis-à-vis de ses clients dans un contexte d’internationalisation de l’information et de développement des réseaux sociaux, on a fait ce qu’on a dit, on a dit ce qu’on a fait, il n’y a pas d’ambiguité” a-t-il ajouté rappelant que la devise de Charles Havas, fondateur de l’ancêtre de l’AFP était: “Vite et bien”.
Rapidement, l’information se retrouve en rafale sur Twitter. “Il est 20H00 sur Twitter, 19H00 en France”, ironise un abonné du réseau.
La tentation est alors grande chez les médias français d’annoncer à leurs internautes, téléspectateurs ou auditeurs la victoire de François Hollande avant l’heure légale de 20h00. Mais l’interdit est respecté.
De nombreux journalistes qui ont accès aux premiers chiffres, expriment leur frustration, comme @srebouh sur Twitter: “L’AFP dégaine son alerte. Mais on ne peut rien dire. Quelle bizarrerie!”.
D’autres, professionnels de l’information mais surtout simples anonymes, franchissent le pas, et reproduisent l’information. A l’étranger, l’information diffusée par l’AFP est largement reprise. “Finalement il n’y a qu’à la télé et dans les radios qu’ils ne savent pas que Hollande est président”, ironise le journaliste @pierresalviac.
Sur les chaînes d’infos, l’envie d’annoncer la nouvelle est palpable: tant iTélé que BFM-TV faisait savoir qu’ils avaient les chiffres, mais ne pouvaient les dire. Sur LCI, un des animateurs de la soirée, Michel Field, résumait: “Soit vous êtres abonnés à l’AFP, soit vous attendez 20h00”.
En vertu de la loi du 19 juillet 1977, la publication de toute indication sur les résultats d’une élection politique est interdite avant la clôture des derniers bureaux de vote à 20H00 en métropole.
La justice a prévenu qu’elle ouvrirait une enquête judiciaire pour toute violation de l’interdiction, passible d’une amende de 75.000 euros.
A 19H58, avec deux minutes d’avance, Le Figaro annonce à son tour l’élection de François Hollande sur Twitter.
Beaucoup l’avaient déjà deviné: sur les images des télévisions, les militants PS au siège du parti rue de Solférino ou place de la Bastille sont tout sourire, ceux de l’UMP sont dépités.
“Mieux que les tweets belges, les images comparées de Bastille et Concorde!”, ironise @pierrehaski, le fondateur de Rue 89, sur Twitter.