La situation économique de la Tunisie révolutionnaire, ses perspectives et les conditions de la reconstruction de son schéma de croissance suscitent débats et propositions stratégiques.
Si les arguments développés n’ont jusque là concerné que la nature et le contenu des structurels souhaités, d’autres questions sont restées ambiguës et notamment celles se rapportant aux problèmes de financement et aux réorientations dans la conduite des politiques économiques. Autant la stratégie de développement économique et social pour le quinquennat 2012-2016, élaborée par le gouvernement de transition, que certains programmes économiques de partis politiques, présentés lors de la campagne pour la constituante, comportent une composante marquante en matière de mobilisation de ressources de financement extérieur des schémas de croissance et d’investissements escomptés, autant des questions fondamentales liées à la viabilité de la dette externe, à la rentabilité des projets programmés et aux préalables des performances macroéconomiques exigées ont été écartées ou vaguement traitées.
Car, il faut bien admettre que bien que l’orientation de l’endettement semble privilégier le bénéfice des conditions concessionnelles, la dépendance financière extérieure de l’économie nationale sera d’autant plus exacerbée dans un contexte international de repli des flux de capitaux et d’assèchement des liquidités au vu des crises successives qui frappent les économies occidentales (dettes souveraines, crises monétaires …). Dans le même temps, les réflexions sur la mobilisation de ressources externes d’endettement et la gestion des réserves de change sont forcément indissociables des problèmes de conduite de la politique de change du dinar si bien que les vulnérabilités du secteur extérieur en Tunisie restent en grande partie circonscrites à l’instabilité du taux de change.
Pour avancer dans la compréhension des ces propos, la section 1 établit un diagnostic des paramètres de la dette externe. La section 2 détaille une grille de lecture des principaux facteurs de vulnérabilités à surveiller. La section 3 analyse les contraintes externes du pilotage macroéconomique en termes de soutenabilité et de viabilité de la dette pour mettre ensuite en avant la question de l’endettement optimal dans la période de transition, et en filigrane, répondre aux difficultés posées par le plan jasmin. Une superposition d’arguments sera complétée par des résultats d’une enquête menée par l’IACE auprès des chefs d’entreprises. La section 4 examine la situation du change du dinar en rapport avec le dilemme endettement et compétitivité. Des pistes d’orientations et de recommandations seront aussi déclinées à partir d’une enquête dédiée.