12 dossiers de corruption financière et administrative ont été examinés au niveau du ministère de l’Agriculture et soumis à la justice et la Direction de la répression financière, en plus de la prise de mesures administratives pénalisantes. C’est Mohamed Ben Salem, ministre de l’Agriculture, qui l’a annoncé au cours d’une conférence de presse tenue samedi 5 mai à Tunis.
M. Ben Salem a également indiqué que l’inspection générale de son ministère a ouvert 27 dossiers de corruption concernant le cabinet du ministère de l’Agriculture et plusieurs directions générales et centrales relevant dudit ministère, ainsi que certaines sociétés agricoles.
Au niveau du cabinet du ministre, M. Ben Salem a précisé que les résultats des enquêtes ont notamment révélé les cas d’un chauffeur qui obtenait mensuellement 895 dinars pour des heures supplémentaires, et ce pendant des années et d’une secrétaire qui percevait 580 dinars par mois sous forme d’heures supplémentaires.
Pour sa part, ll affirme n’avoir gardé que 4 voitures sur les 8 mises à la disposition de son cabinet et consommant 2.160 litres de carburants chaque mois. Cette opération permettra, selon lui, de réduire les quantités de carburants consommées, mensuellement, à 1.600 litres. Dans cet ordre d’idées, il a annoncé l’interdiction de l’utilisation des voitures administratives (145 voitures) relevant de toutes les directions générales, en dehors des horaires administratifs.
Le ministre de l’Agriculture a, par ailleurs, révélé des cas de corruption au niveau de certaines directions générales, telle que la Direction des fôrets dont les dépassements s’élèvent à plus de 6,5 millions de dinars selon les estimations de l’inspection générale du ministère. Ce dossier sera soumis au chargé des litiges de l’Etat qui le soumettra à la justice. Les principaux dépassements concernent l’achat de gros tracteurs à prix élevés, dont deux ont été mis à la disposition de l’ancien directeur de la garde présidentielle du président déchu, Ali Seriati, ainsi que la mise à la disposition de la secrétaire du directeur général d’une voiture 4*4 et d’un chauffeur, en plus d’avoir bénéficié de missions à l’étranger.
Toujours dans ce même dossier, 2 millions de dinars auraient été prélevés sur le budget d’un projet japonais destiné au boisement forestier dans les gouvernorats de Kasserine, Bizerte, Le Kef et Siliana au profit du palais présidentiel de Carthage du temps du président déchu.
D’autres dépassements ont également été enregistrés au niveau de la Direction des fôrets concernant la destruction de tonnes de Pin d’Alep (Zgougou) sans preuves ou analyses montrant leur détérioration.
Au sujet du dossier de la Coopérative centrale des services agricoles et des grandes cultures, M. Ben Salem a indiqué que cette société a utilisé son capital plusieurs fois et que ses dettes vis-à-vis de l’Office Tunisien des Céréales (OTC) s’élèvent à plus de 270 millions de dinars. Le ministre a souligné, qu’en dépit des difficultés financières auxquelles fait face la société, celle-ci décaisse encore des salaires élevés et des primes du 18ème mois.
Il a en outre évoqué de cas de corruption au sein de la Direction générale de l’aménagement et de la conservation des terres agricoles qui a dépensé 2,1 millions de dinars pour aménager le palais présidentiel à la Baie des anges à Hammam Sousse (banlieue Nord de Sousse).
Il a relevé, par ailleurs, que la directrice générale de la Société tunisienne des volailles a osé décaisser un salaire mensuel supplémentaire sans l’autorisation des autorités de tutelle. Le coût total des salaires et primes a ainsi atteint 31 mille dinars en 4 ans.
Pour M. Ben Salem, il est maintenant nécessaire de faire preuve de rigueur envers les responsables corrompus et impliqués dans les dossiers de corruption financière et administrative au ministère, appelant à changer de mentalités et de comportements et à préserver l’argent public.
WMC/TAP