à Londres (Photo : Ben Stansall) |
[08/05/2012 12:26:35] LONDRES (AFP) Le directeur général de l’assureur britannique Aviva, Andrew Moss, a été contraint mardi à la démission après avoir suscité une fronde sans précédent des actionnaires jugeant le montant de ses rémunérations injustifié au regard de ses performances.
Cette démission intervient alors que le mouvement de révolte des actionnaires contre les rémunérations excessives se répand au Royaume-Uni, au point que la presse parle désormais d’un “printemps des actionnaires” en référence au “printemps arabe” qui avait vu la chute de plusieurs dirigeants après des mouvements de révolte.
M. Moss avait été directement visé la semaine dernière lors d’une assemblée générale durant laquelle 54% des actionnaires avaient voté contre le rapport sur les rémunérations des dirigeants de son groupe.
Le vote n’avait pas de valeur contraignante mais il avait été interprété comme une véritable claque que le conseil d’administration pouvait difficilement ignorer.
M. Moss était au coeur de la polémique en raison d’une augmentation prévue de son salaire de 4,8% au titre de l’année 2011, ce qui aurait porté sa rémunération de base à un peu plus d’un million de livres (1,2 million d’euros).
D’influents investisseurs avaient publiquement protesté en rappelant qu’Aviva, l’un des géants du secteur, avait perdu plus du quart de sa valeur en Bourse et qu’une telle augmentation n’avait pas lieu d’être.
Le nouveau président du groupe, John McFarlane, qui assumera les fonctions de directeur général à titre intérimaire, a souhaité mardi que la démission de M. Moss permette de “regagner le respect des actionnaires”, auxquels il a promis d’oeuvrer “en priorité” au redressement du cours de Bourse.
Les investisseurs ont apprécié et le titre prenait plus de 3% en milieu de séance, à 312,3 pence.
M. McFarlane a annoncé dans la foulée qu’il allait rencontrer “tous les principaux actionnaires dans les jours ou les semaines qui viennent”. Parmi eux figurera la puissante Association des assureurs britanniques (ABI), dont les membres représentent environ 20% de la capitalisation de la Bourse de Londres, et qui a largement initié la fronde en cours.
La démission de M. Moss a été aussitôt saluée par le syndicat Unite qui y a vu “un pas important et bienvenu pour tenter de restreindre la cupidité” régnant dans certains conseils d’administration.
Mais des observateurs, comme Robert Peston de la BBC, soulignaient que le mouvement ne visait pas le principe même des grosses rémunérations, mais seulement les patrons dont les performances étaient jugées insuffisantes.
Le mouvement au Royaume-Uni avait d’abord touché la banque Barclays en raison de la rémunération astronomique de son directeur général, Bob Diamond, et le rapport de rémunération avait été rejeté par près du tiers des actionnaires.
Des critiques similaires ont visé le groupe minier Xstrata, le fonds d’investissement Man Group ou le groupe de presse Trinity Mirror, dont la directrice générale vient aussi de présenter sa démission.
Face à la grogne qui s’étend, le gouvernement envisage désormais de légiférer pour rendre contraignant d’ici à 2014 le vote des actionnaires sur les rémunérations. Certains projets visent même à imposer une “super-majorité” de 75% pour donner plus de poids aux petits porteurs.