Les rênes de Michelin aux mains du premier patron extérieur à la famille

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ée du siège de la société Michelin à Clermont-Ferrand (Photo : Thierry Zoccolan)

[09/05/2012 06:19:33] PARIS (AFP) Michelin, le géant français des pneumatiques en pleine expansion, s’apprête pour la première fois de son histoire à placer à sa tête un patron non issu de la famille fondatrice.

Après une année de gestion en tandem avec l’actuel numéro un Michel Rollier, Jean-Dominique Senard doit prendre seul les rênes du groupe à l’issue de l’assemblée générale convoquée vendredi à son siège historique de Clermont-Ferrand.

“La transition est maintenant assurée et le temps est venu de lui passer le relais”, explique Michel Rollier en parlant de son successeur.

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à Clermont-Ferrand (Photo : Thierry Zoccolan)

“En février 2011, je vous ai fait part de mon intention de ne pas aller au terme de mon mandat, fixé à 72 ans par les statuts de l’entreprise”, soit en 2017, rappelle-t-il, dans l’avis de convocation de l’assemblée, qui doit entériner la passation de pouvoirs entre les deux hommes.

Michel Rollier s’était retrouvé seul à la tête du groupe de Clermont-Ferrand après le décès accidentel en 2006 d’Edouard Michelin, arrière-petit-fils du fondateur.

Pour lui succéder, Michelin avait retenu dès le printemps 2011 Jean-Dominique Senard, arrivé six ans auparavant dans la maison à la demande d’Edouard Michelin. Jusqu’alors gérant non commandité, M. Senard était devenu gérant commandité à l’issue de la dernière assemblée des actionnaires.

Michelin possède un statut juridique de société en commandite par actions (SCA). Ce statut original prévoit que le gérant commandité est responsable sur ses biens propres des dettes de la compagnie, ce qui n’est pas le cas des gérants non commandités.

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à Clermont-Ferrand (Photo : Thierry Zoccolan)

Le groupe avait aussi profité de l’année passée pour dépoussiérer ses statuts: la durée du mandat des gérants a été limitée à quatre ans, ils ont aussi la possibilité de démissionner ou d’être révoqués plus facilement et la fonction de “président de la gérance” a été créée.

Jean-Dominique Senard ne voit pas de problème à ne pas faire partie de la famille, contrairement à ses prédécesseurs.

“La croissance d’une entreprise, son développement, sa stabilité reposent beaucoup plus sur des valeurs que sur la généalogie. Le groupe m’a complètement gagné, j’ai d’emblée totalement intégré ses valeurs”, expliquait-il dans un entretien à l’AFP il y a un an.

Ancien élève d’HEC, il a exercé des responsabilités dans plusieurs grands groupes industriels français avant de rejoindre le groupe de “Bibendum” en 2005 en tant que directeur financier et membre du conseil exécutif.

Agé de 59 ans, M. Senard a débuté sa carrière au sein du groupe Total entre 1979 et 1987, puis chez Saint-Gobain de 1987 à 1996.

En 1996, il rejoint le groupe Pechiney en tant que directeur financier et membre du comité exécutif jusqu’en 2001, avant d’assurer la direction du secteur aluminium primaire jusqu’en 2004.

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é sur une voiture du World Rally Championships (Photo : Stephan Agostini)

En tant que membre du comité exécutif du groupe Alcan qui a absorbé Pechiney au terme d’une OPA hostile en 2003, il a été en charge de l’intégration de Pechiney et président de Pechiney SA de 2004 à 2005.

Son adoubement comme numéro un de Michelin coïncide avec une nouvelle étape dans le développement du fabricant de pneus, qui veut augmenter ses volumes de ventes de 50% d’ici 2020, grâce à des marchés émergents comme la Chine et l’Inde, mais sans oublier des marchés matures comme l’Amérique du Nord.

Michelin a dégagé l’an dernier un solide bénéfice net de 1,46 milliard d’euros en hausse de 39%, pour un chiffre d’affaires de 20,7 milliards (+15%). Sur le premier trimestre 2012, le groupe a enregistré une progression de 5% de ses ventes et confirmé pour l’année “son objectif de stabilité des volumes”.