éo des Farc diffusée aux médias, le 6 mai 2012 en Colombie. (Photo : Guillermo Legaria) |
[10/05/2012 09:46:31] BOGOTA (AFP) Sites internet, comptes Twitter ou missives signées depuis “les montagnes de Colombie”: la guérilla des Farc mène aussi une guerre de la communication, plus que jamais attisée par la disparition du journaliste français Roméo Langlois.
La rébellion la plus ancienne d’Amérique latine, née en 1964 d’une révolte paysanne, profite désormais des nouvelles technologies pour distiller ses messages, souvent guettés lors de crises liées à des otages.
“Les Farc ont réussi à s’adapter aux moyens de communications qui leur permettent de donner des réactions beaucoup plus rapides qu’avant”, affirme à l’AFP Alfredo Rangel, directeur de la fondation Sécurité et Démocratie.
Le canal officiel des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) est devenu sa page internet (www.farc-ep.co), dont l’hébergeur se situe, ironie de la situation, dans l’Etat de l’Arizona, aux Etats-Unis, ennemi déclaré de cette guérilla marxiste.
Mais d’autres sites partageant la même ligne relaient parfois ses communiqués comme Anncol, Agence d’information nouvelle Colombie (www.anncol.info) et son blog (www.anncolprov.blogspot.com), et ABP, Agence bolivarienne de presse (www.abpnoticias.com).
L’internet s’avère un des moyens de les plus sûrs pour les guérilleros qui ont quasiment mis fin aux communications directes avec les journalistes, de peur d’être repérés en utilisant un téléphone satellitaire, mésaventure survenue au porte-parole des Farc Raul Reyes, tué lors d’un bombardement effectué par l’armée en 2008.
Toutefois les autorités bloquent régulièrement l’accès à ces portails, selon M. Rangel qui y voit un “symptôme de leur importance pour les Farc”. “L’Etat l’a perçu et il les attaque actuellement comme jamais auparavant”, dit-il.
Chacune des unités régionales de la guérilla, où se répartissent 9.200 combattants repliés dans les zones rurales, “dispose aussi de sa propre radio locale” pour faire passer des messages dans ses rangs, explique à l’AFP Ariel Avila, enquêteur à la fondation Nuevo Arco Iris, spécialiste du conflit.
“Le ministère de la Défense bombarde aussi ces stations”, poursuit M. Avila, en précisant que ces unités utilisent en outre une page internet, dont elles changent régulièrement l’adresse face à la traque cybernétique du gouvernement.
L’organe central des Farc l’a d’ailleurs souligné dans un message diffusé lundi, où elles réclament un “débat” sur l’information après avoir capturé le 28 avril M. Langlois, lors d’une offensive contre une brigade que le correspondant de la chaîne France 24 accompagnait pour filmer une opération antidrogue.
“Notre page internet est attaquée et bloquée de façon permanente, nos stations radios démolies par les bombes”, dénonce la guérilla, qui accuse les journalistes embarqués avec l’armée de participer à une “manipulation médiatique”.
Toutefois, la rébellion sait aussi entretenir le flou sur sa communication, à l’image d’un compte Twitter des Farc (@FARC_COLOMBIA), suivi par 5.000 internautes, mais dont l’existence n’a jamais été ni confirmée ni démentie par l’organisation.
Relayé par plusieurs médias, le dernier message sur Twitter évoquant une “libération rapide” de M. Langlois, doit ainsi être pris “avec beaucoup de précaution”, selon M. Avila, qui doute de son authenticité.
“C’est dans doute quelqu’un proche d’eux ou en relation directe qui gère ce compte, mais ce n’est pas la voix officielle”, assure-t-il, avant d’ajouter: “les Farc, c’est un groupe collégial, pas une ONG où chacun dégaine son tweet. Ce serait comme si chaque général dirait sur Twitter ce que l’armée doit faire”.
Un autre compte Twitter porte même le nom de “Timochenko”, le surnom de Timoleon Jimenez, le numéro un des Farc, mais ce n’est visiblement que l’hommage d’un simple admirateur.
Le blog de l’Agence d’information nouvelle ColombieLe blog de l’Agence bolivarienne de presseLe compte Twitter des Farc