Téléphonie mobile : Free risque de causer “un recul violent des revenus du secteur”

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é pour son offre mobile (Photo : Kenzo Tribouillard)

[10/05/2012 11:17:03] PARIS (AFP) L’Institut de l’audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate) estime que l’arrivée en France de l’opérateur Free Mobile risque de causer “un recul violent des revenus du secteur et des marges des opérateurs”, dans son rapport annuel publié jeudi.

“La situation du secteur des télécommunications en Europe est médiocre et même plutôt alarmante”, souligne également l’Idate dans la 12ème édition de sa synthèse annuelle des grands enjeux de l’économie numérique.

“Il va falloir suivre la situation qui résulte en France de l’entrée d’un quatrième opérateur, qui nous paraît largement à contre-cycle. Il nous semble que l’heure est plutôt à la consolidation comme on l’observe aux Pays-Bas, et au Royaume-Uni”, écrit l’institut de référence du secteur.

Selon l’Idate, “on risque d’avoir une guerre des prix avec un recul violent des revenus du secteur et des marges des opérateurs”.

Certes, reconnaît-il, “les consommateurs vont en bénéficier à court terme” mais “il est cependant à craindre que cela freine les investissements”.

“Or les opérateurs européens sont déjà nettement en retrait des opérateurs nord-américains ou asiatiques dans leur effort d’investissement. Il est probable que, d’ici à 2020, les réseaux en fibre optique ne desserviront qu’à peine plus de la moitié des Européens”, estime-t-il.

En outre, en 2011, “pour la première fois, le marché des services mobiles dans l’Union européenne (Europe des 27) a connu une décroissance, de 0,5%. Dans le même temps, l’Amérique du nord a progressé de 4,7%”, a souligné Didier Pouillot, responsable de l’économie des télécoms à l’Idate, lors d’une conférence de presse.

Il évoque notamment “la pression concurrentielle, le fait que le marché européen soit à maturité et aussi que contrairement au marché américain, il est assez largement orienté vers la clientèle prépayée”, qui peut donc réduire, en temps de crise, ses dépenses mobiles contrairement à la clientèle ayant contracté un forfait fixe.

La France a été un peu moins concernée par ce phénomène car elle compte moins de clients prépayés que le reste de l’Europe.

“Le changement de paradigme” dans le secteur des télécoms “est difficile et suffisamment violent pour que les pouvoirs publics européens et nationaux le reconnaissent et donnent aux opérateurs les moyens d’évoluer”, conseille l’Idate.

“Sinon on pourrait, dans les années à venir, assister à une sorte de paupérisation du secteur, pris en étau entre les acteurs dominants des terminaux et des plates-formes internet, et affaibli par les guerres de prix. Nous n’en sommes heureusement pas là”, ajoute l’Idate.

Outre le retard pris dans le développement des réseaux de fibre optique, l’Europe est aussi à la traîne en matière de déploiement de la 4G, la nouvelle génération de téléphonie mobile.

“Nous sommes très en retard. C’est comme si aux Etats-Unis on avait des autoroutes et qu’en France on avait encore des routes départementales”, a déploré le président de l’Idate, François Barrault, lors de la conférence de presse.

La page Idate sur la synthèse annuelle de l’économie numérique