Après une perte record l’an passé, le géant Sony promet un rebond

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annonce du plan de restructuration du groupe. (Photo : Kazuhiro Nogi)

[10/05/2012 12:28:54] TOKYO (AFP) Le fleuron japonais de l’électronique Sony, lesté de pertes record, espère sortir du rouge pour la première fois en cinq ans cette année grâce à une restructuration sous la houlette de son nouveau patron.

Sony a annoncé jeudi avoir subi en 2011-2012 un déficit net équivalent à 4,5 milliards d’euros, en raison d’une chute des ventes de 9,6% sur un an, du cours élevé du yen, de la concurrence infernale, des désastres naturels et de lourdes charges fiscales aux Etats-Unis.

Le groupe, désormais dirigé par le quinquagénaire Kazuo Hirai, un Japonais mâtiné de culture américaine, a amorcé une vaste réorganisation de plusieurs activités, à commencer par celles des TV qui a accusé un lourd déficit pour la huitième année consécutive.

Ce décideur, qui a déjà à son actif le redressement de la section des jeux vidéo un temps mal en point, espère une sortie rapide du tunnel, ce que n’a pas réussi son prédécesseur Howard Stringer.

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à Tokyo, en 2008 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Sony escompte cette année dégager un léger bénéfice, grâce à ventes attendues en progression de 14%.

Profondément heurté par la crise financière de 2008-2009 et les multiples aléas conjoncturels qui ont ensuite contribué à hisser le yen à des sommets, le groupe Sony, qui ne brille plus autant que par le passé et est jugé moins novateur, n’est pas parvenu depuis quatre ans à dégager un seul yen de bénéfice net tant il a été malmené, surtout au cours des douze mois pris en compte.

Outre le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 au Japon, sinistres qui ont plombé le début de l’exercice en saccageant l’appareil industriel nippon et sapant le moral des citoyens, le mastodonte a souffert de la chute des ventes de TV dans l’archipel à partir de l’été, du ralentissement de la demande internationale dû à la crise en Europe, de la hausse subséquente de la monnaie japonaise, de la concurrence et des inondations en Thaïlande.

Sony est d’autant plus vulnérable aux variations des cours des changes qu’il encaisse 80% de ses recettes hors du Japon. Or, s’il a certes toujours des fans inconditionnels, beaucoup considèrent ses produits trop chers et à la traîne par rapport à ceux de son rival sud-coréen Samsung ou aux appareils souvent jugés avant-gardistes du groupe américain Apple.

L’avance technologique dont il jouissait dans les années 1980 n’est aujourd’hui plus de mise.

Face à cette situation délicate, Sony a déjà lancé un ensemble de dispositions censées porter leurs fruits dans les prochains mois.

A peine entré en fonctions, Kazuo Hirai a décidé de céder des activités et de modifier les structures de production dans le but premier de concentrer les ressources sur les divisions porteuses, d’accélérer les processus décisionnels et de sortir enfin du rouge, d’ici 18 mois, l’activité des téléviseurs, en misant notamment sur la clientèle des pays émergents.

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épond à la presse, le 10 mai 2012 à Tokyo. (Photo : Toru Yamanaka)

Sony prévoit d’investir essentiellement dans quatre domaines (produits d’image numérique, jeux, appareils/applications et services mobiles, et systèmes médicaux).

Pour le reste, il est prêt à abandonner des filiales ou à constituer des partenariats, par exemple dans le domaine des batteries pour automobiles ou du stockage d’énergie.

Ces premières mesures d’urgence conduiront à une réduction de ses effectifs de 10.000 personnes avant la fin de l’année budgétaire, soit 6% du total des emplois recensés fin mars 2011.

Sony avait déjà diminué sa main-d’oeuvre de 16.000 têtes dans les trois précédentes années.

Les analystes et actionnaires restent toutefois perplexes, jugeant les prévisions du groupe bien optimistes.