La Grèce, sous pression allemande, en quête d’un gouvernement de coalition

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élos Venizélos au Parlement le 11 mai 2012 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

[11/05/2012 10:15:38] ATHENES (AFP) La Grèce tiraillée avait bien du mal vendredi à mettre sur pied un gouvernement de coalition pour éviter de retourner aux urnes en juin, sous la pression de responsables politiques allemands à bout de patience qui ne cachent plus guère leur souhait de la voir quitter l’euro.

Le dirigeant du principal parti grec Antonis Samaras (Nouvelle Démocratie, droite) a admis devant ce qui lui reste de groupe parlementaire qu’aucun gouvernement ne pourra voir le jour sans l’aval du groupe de gauche radicale Syriza opposé aux mesures de rigueur, et devenu dimanche le deuxième parti représenté au Parlement.

Tiraillés entre les engagements d’austérité du pays vis-à-vis de ses bailleurs de fonds et le résultat électoral de dimanche traduisant un rejet complet des efforts demandés, les responsables politiques grecs continuaient vendredi matin de chercher une formule d’accord a minima pour former un exécutif, même fragile.

Pendant ce temps, les bourses, de Tokyo à Paris, reflétaient l’inquiétude des investisseurs sur une possible sortie rapide de la Grèce de l’euro et ses conséquences.

A Athènes, les dirigeants socialiste et conservateur, Evangélos Vénizélos et Antonis Samaras, qui souhaitent défendre coûte que coûte l’appartenance du pays à l’euro, malgré la débâcle de leurs formations aux élections, ont repris vendredi matin les négociations cruciales pour former le gouvernement, après un progrès enregistré jeudi en ce sens avec un petit parti de gauche.

M. Vénizélos et M. Samaras se sont entretenus une demi-heure, dans l’attente d’une rencontre en début de soirée de M. Vénizélos avec le chef de la gauche radicale du Syriza, Alexis Tsipras.

Comme il l’a déclaré jeudi, M. Vénizélos propose un gouvernement qui devrait à la fois maintenir le pays dans l’euro et assurer “le dépassement sous trois ans” du programme de redressement dicté au pays par l’UE et le FMI.

M. Vénizélos n’a pas explicité le mot “dépassement”, volontairement flou, les tensions entre les partis portant précisément sur le memorandum d’accord signé par la Grèce avec ses créanciers.

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éen devant le Parthénon le 9 mai 2012 (Photo : Louisa Gouliamaki)

La gauche radicale affirme vouloir l’abandonner complètement tout en restant dans la zone euro. Ce qui équivaut pour les bailleurs de fonds à demander le beurre et l’argent du beurre, ce qui est jugé inacceptable au moins par les Allemands.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a d’ailleurs estimé vendredi que la “zone euro peut supporter une sortie de la Grèce”.

“Nous voulons que la Grèce reste dans la zone euro” a-t-il affirmé. “Mais elle doit aussi le vouloir et remplir ses devoirs. Nous ne pouvons forcer personne”, a-t-il ajouté dans un entretien au quotidien régional allemand Rheinische Post.

“Ici personne ne menace personne. Mais nous devons être sincères (…) et dire à nos amis et partenaires grecs qu’il n’y a pas d’autre voie que la voie choisie ensemble” a déclaré M. Schäuble.

“Nous avons déjà fait beaucoup” a-t-il estimé en faisant référence aux deux plan de sauvetage pour la Grèce, avec la participation des Etats européens, du FMI, mais aussi lors du deuxième, des créanciers privés. “La Grèce doit comprendre qu’en échange elle doit remplir ses obligations”.

Il est “dangereux de raconter des boniments aux citoyens en leur disant qu’il existerait une autre voie plus simple qui guérirait la Grèce en évitant toutes les épreuves. C’est absurde”, a-t-il ajouté.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle y est aussi allé de son couplet vendredi matin en conditionnant le versement de nouvelles aides à la Grèce au respect par Athènes de ses obligations.

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élos Vénizélos, le 9 mai 2012 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

Dans ce contexte, un sondage en Grèce de l’institut Marc, réalisé sur un échantillon supérieur à 1.000 personnes et paru vendredi dans la quotidien Ethnos montre qu’une large majorité de Grecs (62,7%) souhaite voir la formation d’un gouvernement de coalition, dont 53% avec la participation du Syriza.

Pour l’analyste Ilias Nikolakopoulos, un exécutif bénéficiant du soutien passif du Syriza reste possible, mais il voit les négociations se prolonger jusqu’en milieu de semaine prochaine.

“Le Syriza serait prêt à garantir sa tolérance à la condition que l’adoption prévue en juin de nouvelles mesures d’austérité soit annulée” dans l’attente d’une renégociation globale de la politique de redressement, a affirmé l’analyste à l’AFP.

Seuls 32% des sondés se déclarent en faveur de nouvelles élections, inévitables si les responsables politiques grecs n’arrivent pas à s’entendre.

Mais en cas de nouveau scrutin, l’enquête d’opinion fait apparaître un résultat marquant: l’arrivée en tête du Syriza avec 27% des intentions de vote, suivi par la Nouvelle Démocratie à 20%, la Pasok, toujours troisième à 12,6% puis les Grecs indépendants (droite anti-mémorandum) à 10%.

Une telle montée en puissance du Syriza changerait complètement la donne car le parti d’Alexis Tsipras, qui dispose actuellement de 52 sièges, bénéficierait alors de la prime de 50 sièges accordée au parti vainqueur, le mettant en position de force pour nouer des alliances.

En Europe vendredi matin, les principales bourses traduisaient l’inquiétude de cette poussée à gauche en Grèce et évoluaient dans le rouge. Vers 07H30 GMT, Paris était en baisse de 0,88%, Londres de 0,37%, Francfort de 0,65% et Milan de 0,86%. Tokyo avait clôturé en baisse de 0,63%.