à Clermont-Ferrand. (Photo : Thierry Zoccolan) |
[11/05/2012 10:26:48] CLERMONT-FERRAND (France) (AFP) Jean-Dominique Senard a pris vendredi les rênes du géant des pneus Michelin à une étape clé dans le développement du groupe et son renforcement dans les marchés émergents.
“Il ne vous a pas échappé qu’aujourd’hui est une journée un peu particulière”, a souligné M. Senard devant environ 1.400 actionnaires réunis en assemblée générale dans le fief du groupe à Clermont-Ferrand (centre).
Il va remplacer Michel Rollier, patron depuis 2006, à l’issue de cette assemblée qui a approuvé à 99,29% le départ de ce dernier.
M. Rollier, membre de la famille fondatrice du géant des pneumatiques, s’était retrouvé seul à la tête du groupe de Clermont-Ferrand après le décès accidentel en 2006 d’Edouard Michelin, arrière-petit-fils du fondateur.
Michel Rollier était devenu gérant commandité, en vertu des statuts de la société en commandite et au printemps 2007, M. Senard et Didier Miraton étaient venus l’appuyer comme gérants non commandités.
Mais en 2011, il avait fait part de sa volonté de quitter son poste bien avant le couperet des 72 ans prévu, qui l’aurait amené jusqu’en 2017.
Son successeur désigné est alors devenu gérant commandité et les deux hommes ont géré l’entreprise en tandem pendant un an afin d’assurer une transition en douceur.
Jean-Dominique Senard, 59 ans, devient ainsi le premier patron du “Bibendum” extérieur à la famille. Il a rejoint le groupe en 2005 comme directeur financier après avoir fait carrière chez Total, Saint Gobain et Péchiney.
Hommage appuyé à Michel Rollier
Si le groupe ne s’est pas doté d’un patron venu de la famille, c’est qu'”il n’est pas apparu de disponibilité de cette nature”, a justifié M. Rollier.
L’arrivée de M. Senard correspond à une phase essentielle dans le développement du fabricant de pneus qui avait lancé fin 2010 une augmentation de capital pour financer d’importants investissements en Chine, en Inde ou encore au Brésil.
En se renforçant sur les marchés émergents, mais aussi sur les marchés matures, il veut augmenter ses volumes de ventes de 50% d’ici 2020. Il vise aussi un bénéfice opérationnel de 2,5 milliards en 2015, contre 1,9 milliard l’an dernier.
Il vient aussi d’annoncer un plan d’amélioration de sa compétitivité d’environ un milliard d’euros sur cinq ans.
Michelin a aussi profité de l’arrivée d’un nouveau dirigeant pour dépoussiérer ses statuts: la durée du mandat des gérants a été limitée à quatre ans, alors qu’ils couraient avant jusqu’à leur 72 ans, ils ont aussi la possibilité de démissionner ou d’être révoqués plus facilement et la fonction de “président de la gérance” a été créée.
Pour autant, la famille continue à jouer un rôle important. La Sages (société auxiliaire de gestion), qui représente les intérêts de la famille, a le statut d’associé commandité non gérant aux côtés de M. Senard.
Cette assemblée générale un peu particulière a été l’occasion de rendre un hommage appuyé à M. Rollier. Son mandat a été marqué par le développement de Michelin sur de nouveaux marchés mais aussi en France par des suppressions de postes et la fermeture d’une usine très contestées.
“Edouard vous avait choisi comme numéro deux, le destin a voulu que vous deveniez numéro un”, a dit le président du conseil de surveillance Eric Bourdais de Charbonnière.
“Vous ne l’aviez pas voulu, mais vous avez pleinement assumé votre destin. Edouard, là haut, se joindrait sûrement à nous pour vous dire tout simplement merci”, a-t-il ajouté sous les applaudissements nourris des actionnaires qui se sont levés pour le saluer.