Les électroniciens nippons forcés de réagir après une descente aux enfers

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ésentation de nouveaux écrans LCD de Sony, le 23 mars 2012 à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[11/05/2012 13:22:44] TOKYO (AFP) Pertes financières records, restructuration massive, cession d’activités, actions au plus bas en 32 ans et patrons remplacés, trois des plus grands groupes d’électronique japonais, Sony, Panasonic et Sharp, sont forcés de changer après une année infernale.

Successivement, ces trois mastodontes de réputation internationale ont annoncé des résultats annuels calamiteux.

Outre une ascension continue de la monnaie japonaise qui se poursuit depuis la crise financière internationale de 2008-2009 et lamine chaque année un peu plus leurs marges et la compétitivité de leurs produits, ils ont enduré en 2011 une succession horrible d’aléas.

Après le séisme et le tsunami du 11 mars au Japon qui a mis en panne la machine industrielle durant plusieurs semaines et sapé le moral des consommateurs, la crise en Europe s’est amplifiée provoquant un ralentissement mondial d’activité.

Puis sont arrivées à l’automne des inondations monstres en Thaïlande, une plaque-tournante de production pour les industriels nippons où nombre d’usines ont été noyées.

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érence de presse le 3 février 2012 à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

A ces facteurs extérieurs impondérables, se sont ajoutés des éléments prévisibles mais insuffisamment pris en compte dans les stratégies, comme la chute des ventes de téléviseurs au Japon après que tout le monde se fut équipé de modèles dernier cri en prévision de l’arrêt du signal analogique en juillet dernier.

Qui plus est, l’avance technologique dont ils jouissaient au départ sur leurs concurrents asiatiques s’est rapidement réduite, tandis que leurs coûts n’ont pas diminué aussi vite que les prix en rayon.

Comme l’a reconnu vendredi le PDG de Panasonic, Fumio Ohtsubo, “nous avons investi massivement en 2006-2008 dans la fabrication de dalles d’écrans et TV, mais beaucoup de changements sont intervenus ensuite et il s’est avéré que ces investissements étaient excessifs”.

Un même constat pourrait être fait pour Sharp, le pionnier des écrans à cristaux liquides (LCD), qui a misé très gros sur cette technique et qui aujourd’hui, durement concurrencé et étranglé par la hausse du yen, ne parvient pas à rentabiliser ses usines ultra-modernes, installées au Japon par souci de préserver ses technologies.

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écrans de la marque Sharp exposés dans un magasin de Tokyo, le 1er février 2012 (Photo : Kazuhiro Nogi)

Quant à Sony, il n’a pas gagné un yen de bénéfice avec son activité centrale de téléviseurs depuis plus de huit ans, à cause d’un modèle de production trop onéreux comparé à celui du sud-coréen Samsung, rival auquel il s’était pourtant allié pour la fabrication des dalles LCD.

Bilan, ces trois groupes, dont les actions ont fondu à la Bourse de Tokyo pour tomber à un plancher inédit depuis 1980 et dont les patrons ont été remplacés (Sony, Sharp) ou sont sur le point de l’être (Panasonic), sont forcés de repenser totalement leur stratégie.

Panasonic restreint drastiquement sa production de dalles pour TV et se concentre sur celles destinées aux petits écrans d’appreils nomades, moins soumis à rude concurrence car exigeant des technologies de pointe.

Idem pour Sharp qui, à son corps défendant, a dû partager ses moyens de production avec le groupe taïwanais Hon Hai, plus connu sous son nom commercial Foxconn.

Quant à Sony, il a purement et simplement abandonné la production de dalles de TV.

Reste que redresser l’activité des téléviseurs ne suffira pas pour remettre d’aplomb chacune de ces trois maisons.

C’est la raison pour laquelle Panasonic a investi 7,5 milliards l’an passé pour développer les produits écologiques, son activité internationale et les systèmes d’avioniques.

Il doit aussi repenser son activité de panneaux solaires, comme Sharp.

Le nouveau PDG de Sony, Kazuo Hirai, a quant à lui décidé d’investir prioritairement dans quatre domaines (produits d’image numérique, jeux, appareils/applications et services mobiles, et systèmes médicaux).

Pour le reste, il prévoit d’abandonner des filiales ou bien de constituer des partenariats, par exemple dans le domaine des batteries pour automobiles ou du stockage d’énergie.