à Téhéran (Photo : Atta Kenare) |
[12/05/2012 14:23:48] TEHERAN (AFP) Le ministère des Télécommunications iranien a interdit aux banques, aux compagnies d’assurances et aux opérateurs téléphoniques tout recours à des messageries étrangères pour leurs échanges de courriers électroniques, a rapporté samedi un hebdomadaire.
“Le ministre des Télécommunications a ordonné l’utilisation de noms de domaines iraniens se terminant par .ir”, selon l’hebdomadaire spécialisé dans les télécommunications Asr Ertebatat.
Il a interdit aux banques, aux sociétés d’assurances et aux compagnies téléphoniques de recourir à des hébergeurs étrangers pour leurs sites, ou de donner des informations à leurs clients en utilisant des messageries étrangères comme Yahoo, Gmail, Hotmail ou MSN, ajoute Asr Ertebatat.
Les particuliers doivent désormais, pour leurs échanges avec ces sociétés, utiliser des adresses e-mail iraniennes se terminant par “iran.ir”, “post.ir” ou encore “chmail.ir”, précise le journal.
Les administrations iraniennes doivent quant à elles utiliser des adresses se terminant par “gov.ir” ou “.ir”, alors que les universités doivent utiliser les emails se terminant par “ac.ir” ou “.ir”.
L’Iran a annoncé la mise en place progressive, à partir de mai, d’un réseau national d’information destiné à remplacer l’internet dans la gestion quotidienne de l’administration, de l’appareil d’Etat, du système bancaire et des entreprises publiques.
Officiellement, le lancement de cet “internet iranien” vise à sécuriser les communications en les rendant indépendantes de tout opérateur étranger.
En décembre les autorités iraniennes avaient annoncé avoir rapatrié 90% des sites officiels sur des hébergeurs iraniens et avaient encouragé les entreprises à faire de même.
L’Iran est soumis depuis deux ans à un embargo économique, technique et financier occidental de plus en plus serré en représailles à son programme nucléaire controversé.
Le régime iranien accuse aussi régulièrement les Occidentaux d’utiliser la toile pour mener une “guerre non déclarée” visant à le déstabiliser, le ministre des Télécommunications, Reza Taghipour, a même affirmé que Google et Yahoo constituaient une “menace pour la sécurité nationale du pays”.
Avec plus de 36 millions d’internautes pour 75 millions d’habitants, l’Iran est le pays du Moyen-Orient le plus connecté sur le web, qui a joué un grand rôle dans les manifestations populaires ayant secoué le pays après la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009.
Depuis, les autorités coupent ou réduisent les liaisons internet lorsqu’elles craignent des manifestations de l’opposition.
Le ministère des Télécommunications a toutefois démenti en avril que le pouvoir ait décidé de couper les liaisons internet à la faveur de la mise en place de l’internet iranien.
Au début de l’année, le pouvoir avait coupé sans explications à deux reprises pendant plusieurs jours l’accès aux messageries étrangères, provoquant des perturbations dans l’activité de nombreuses entreprises et de millions d’Iraniens et suscitant de vives critiques jusqu’au sein même du régime.
Depuis les troubles de 2009, les autorités ont réduit drastiquement la bande passante disponible pour l’internet, ce qui rend son utilisation difficile. Elles bloquent également l’accès à des dizaines de milliers de sites étrangers, notamment des sites d’opposition, de médias ou à caractère jugé pornographique.
Le président américain, Barack Obama, a accusé en mars le régime iranien de vouloir isoler sa population derrière un “rideau de fer électronique”.