L’aviation d’affaires redémarre lentement et cible la Chine

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éroport de Pékin le 25 août 2008 (Photo : Laurent Fievet)

[14/05/2012 07:05:24] PARIS (AFP) L’aviation d’affaires se redresse lentement et si les constructeurs, réunis lundi à Genève, se montrent prudents après trois années noires, ils affûtent leurs armes pour profiter des gigantesques opportunités de croissance attendues en Chine.

Les professionnels du secteur se rassemblent du 14 au 16 mai en Suisse à l’occasion de la 12e édition d’Ebace, un des plus grands salons de l’aviation d’affaires et baromètre d’un marché estimé en 2011 à 16,6 milliards de dollars (656 livraisons), selon des chiffres du cabinet d’étude américain Teal Group.

Le marché s’est effondré de 28,7% (en valeur de livraisons) entre 2008 et 2011, selon Teal Group. Avec une dichotomie nouvelle: le haut de gamme a résisté (+0,3% sur la période) quand les jets d’entrée de gamme ont plongé de 56,4%.

“Le secteur reste très fragile. Le marché américain, où se concentre la majeure partie de la flotte mondiale (environ 66%), n’a pas encore rebondi. On constate une augmentation de l’activité aérienne mais cela ne se traduit pas encore par une reprise franche des ventes d’avions neufs”, résume Vadim Feldzer, porte-parole du constructeur français Dassault Aviation.

Nombre d’acquéreurs voient leur projet d’achat hypothéqué par leurs capacités à revendre leurs avions d’occasion à un prix satisfaisant, explique-t-il.

“Le financement (des achats) reste problématique pour certains acheteurs dans la mesure où les banques ont une approche conservatrice dans l’attribution de leurs prêts”, ajoute Ernest Edwards, président de la branche aviation d’affaires du brésilien Embraer.

Pour autant, le stock d’avions d’occasion diminue, prémices à un redécollage du secteur tout entier: ils représentent 12,6% des quelque 18.600 jets en service contre 16% en 2009, selon l’équipementier français Zodiac Aerospace.

“Il y a consensus parmi les analystes financiers et industriels pour dire que l’aviation d’affaires (…) est au début d’un nouveau cycle de croissance dans les marchés traditionnels comme les nouveaux marchés”, poursuit Danielle Boudreau, porte-parole du canadien Bombardier dont les luxueux jets Global 7000 et 8000, pourraient avoir la faveur de Qatar Airways.

Richard Aboulafia, vice-président de Teal Group, table sur une croissance du marché de 6% cette année, 8% en 2013 et 12% par an les quatre années suivantes.

Danielle Boudreau estime que “l’aviation d’affaires n’a jamais été aussi prometteuse”.

Car la crise a révélé la bonne tenue du segment haut de gamme (jets de 50 à 60 millions de dollars contre 6 à 9 millions pour les entrées de gamme) et l’émergence rapide de nouveaux marchés.

“La Chine où nous avons réalisé près de la moitié de nos ventes en 2011 (36 Falcon commandés) est un marché en pleine effervescence. Aucun avion n’y était vendu il y a encore trois ans”, confirme Vadim Feldzer.

Airbus Corporate Jets (ACJ), qui présentera pour la première fois à Genève son ACJ319, compte y vendre “au moins 5 avions par an dans les années à venir”, indique son vice-président François Chazelle.

Dans le sillage de ses concurrents, ACJ a pris pied dans le pays en ouvrant des bureaux à Hong Kong et Pékin pour être au plus près des millionnaires de plus en plus nombreux.

Les opportunités sont d’autant plus grandes que Pékin jette désormais également son dévolu sur des modèles moins haut de gamme.

Bombardier estime que 2.360 jets d’affaires seront livrés en Chine d’ici 2030 contre une flotte de quelque 150 aujourd’hui.

“Le Falcon 7X suscite toutes les convoitises des investisseurs chinois, assure Dassault. Le fait d’être français nous avantage aussi sans doute (…) si l’on considère les attributs associés à notre savoir-faire en matière de haute technologie, design et produits de prestige”.