s (Photo : Joel Saget) |
[14/05/2012 22:26:23] WASHINGTON (AFP) L’agence de notation Moody’s a infligé lundi un coup de massue aux banques italiennes, en abaissant la note de 26 d’entre elles dont les deux plus grandes du pays, UniCredit et Intesa Sanpaolo.
Elle a invoqué la détérioration de la conjoncture dans l’économie de la péninsule, dans son secteur financier, et un “accès restreint aux financements de marché”.
Les abaissements de la note de crédit de long terme vont d’un à quatre crans. Pour le numéro un UniCredit et son suivant Intesa Sanpaolo, qui contrôlent à elles deux un tiers des actifs des banques italiennes, la note est abaissée d’un cran à “A3”.
Pour le numéro trois Banca Monte dei Paschi di Siena (BMDP), la sanction est de deux crans, à “Baa3”, et pour le numéro quatre Banco Popolare, d’un cran, à “Baa3” également. Cela les place juste au-dessus de la catégorie “spéculative”. D’après Moody’s, ces banques “sont confrontées à des difficultés importantes dans la qualité des actifs, les fonds propres et/ou le financement”.
Dix banques ou filiales tombent dans cette catégorie “spéculative”, tandis que deux qui y étaient déjà s’enfoncent plus bas encore.
Pour toutes les banques concernées, la perspective est “négative” ce qui signifie que Moody’s envisage d’abaisser encore ces notes, si les problèmes de financement s’aggravent, en cas de “récession prolongée” ou encore en cas d’abaissement de la note de l’Etat italien (actuellement à “A2”).
“Les notes des banques italiennes font maintenant partie des plus basses chez les pays européens avancés, reflétant la vulnérabilité de ces banques à un contexte économique défavorable en Italie et en Europe”, a expliqué Moody’s dans un communiqué.
“Nous reconnaissons, toutefois, que les banques italiennes évoluent dans un contexte moins tendu que, par exemple, les banques portugaises”, a ajouté l’agence.
Elle a invoqué dans un communiqué “des conditions de plus en plus défavorables, avec le retour de l’économie italienne en récession et une austérité gouvernementale qui réduit la demande à court terme”. Son hypothèse est d’un recul du produit intérieur brut de 1,9% en 2012.
Elle perçoit “des défis de plus en plus grands pour la qualité des actifs et un affaiblissement des performances d’exploitation, à un moment où les prêts à problèmes et les provisions pour pertes de crédit augmentent”.
Elle s’inquiète d’un “accès restreint aux financements de marché qui, s’il persiste, mettra une pression supplémentaire sur les banques pour réduire leurs actifs, posant des risques pour leur enseigne et leurs bénéfices”.
Enfin, elle a relevé chez certaines de ces banques “des risques pour les créanciers provenant de faiblesses potentielles dans la gouvernance, les contrôles et la gestion des risques, en particulier chez des banques plus petites, non cotées”.
Moody’s avait annoncé en février qu’elle envisageait d’abaisser à court terme les notes de 114 banques européennes, en raison de la crise dans la zone euro et de la baisse de la note de plusieurs Etats du continent.
Les banques italiennes ont fait partie des grosses clientes des opérations de refinancement géantes sur trois ans de la Banque centrale européenne en décembre et février.
“Nous pensons que leur utilisation croissante des fonds de la BCE illustre les pressions sur le financement auxquelles elles sont confrontées, et leur vulnérabilité à de nouvelles perturbations sur les marchés”, a souligné Moody’s, qui estime qu’elles pourraient “avoir du mal à réduire leur dépendance” vis-à-vis de cette source de liquidités.