énérale des gratte-ciel de Francfort, en avril 2012 (Photo : Daniel Roland) |
[15/05/2012 08:16:18] BERLIN (AFP) L’économie allemande a fait un pied de nez à la récession qui touche plusieurs de ses partenaires européens, rebondissant de 0,5% au premier trimestre, bien plus que prévu, selon des chiffres préliminaires publiés mardi.
Les économistes s’attendaient à ce que la première économie européenne redresse timidement la tête, avec une hausse du Produit intérieur brut (PIB) de 0,1% après le recul de 0,2% enregistré fin 2011.
Au lieu de cela, “les chiffres ont pulvérisé les attentes”, note Christian Schulz, économiste de Berenberg Bank. Et ce alors que la France faisait état le même jour d’une croissance nulle, et que l’Italie comme la zone euro devaient annoncer un recul de leur PIB.
L’Office fédéral des statistiques allemand, Destatis, ne publiera le détail des chiffres que le 24 mai, mais a d’ores et déjà indiqué que l’export et la consommation des ménages avaient tiré la croissance.
Machines-outils, voitures et produits chimiques allemands se sont vendus comme des petits pains à l’étranger, ainsi que le laissaient présager à la fois les statistiques de début d’année du commerce extérieur et les résultats publiés ces dernières semaines par les grands noms de l’industrie allemande, de Volkswagen à BASF en passant par Porsche.
“Heureuse surprise” en revanche pour Thomas Harjes de Barclays Capital, la bonne performance de la consommation des ménages, qui contraste avec les indicateurs pour le moins mitigés du commerce de détail depuis janvier, mais découle directement d’un marché du travail toujours au beau fixe et de salaires en hausse.
Exportations et emplettes des Allemands ont permis de compenser partiellement un recul des investissements des entreprises du pays, explique Destatis. Cette baisse, pas encore quantifiée, est “la seule note discordante” dans les chiffres publiés mardi, pour Ferdinand Fichter de l’institut DIW, pour qui elle renvoie largement à la paralysie du secteur du BTP pendant un mois de février très froid.
La crise de la dette comme “aléa de court terme”
Pour M. Harjes de Barclays toutefois elle “souligne que l’incertitude liée à la crise de la dette en zone euro a vraisemblablement un véritable impact négatif sur l’économie allemande”.
Effectivement les déboires de la zone euro, qui se débat toujours avec la crise de la dette et dont la plupart des pays s’enfoncent dans la récession, ne devraient pas laisser l’Allemagne indemne, elle dont 40% des exportations vont à ses 16 partenaires de la monnaie unique.
Mais pour M. Schulz de Berenberg les vicissitudes en zone euro et leurs effets sur l’économie allemande font partie des inévitables “aléas de court terme” que va connaître le pays, embarqué malgré tout selon lui depuis 2010 dans une nouvelle “décennie d’or” économique.
En tout cas, les chiffres publiés mardi alimentent l’optimisme pour l’ensemble de 2012, faisant miroiter une croissance de l’ordre de 1% voire plus, supérieure au pronostic prudent du gouvernement (+0,7%), de la Commission européenne (+0,7%) ou encore du Fonds monétaire international (+0,6%).
En rythme annuel, la croissance entre janvier et mars s’élève à 1,7%, et 1,2% en données corrigées des variations saisonnières et calendaires.
Des chiffres à faire pâlir d’envie ses voisins. “Une chose est sûre”, pour Carsten Brzeski d’ING, “l’économie allemande reste la locomotive de la zone euro”. Et selon lui, “tout scénario de rééquilibrage est encore très éloigné dans le futur”.