La Malaisie tend ses bras à la Tunisie. «Nous sommes prêts à développer nos relations avec la Tunisie et à fournir notre expertise dans le domaine de la finance islamique et de l’industrie halal», lance le ministre malaisien des Finances, en marge de sa visite en Tunisie à la tête d’une délégation officielle d’une quinzaine de responsables malaisiens, ce 15 mai 2012.
Cette visite n’était pas fortuite. Elle a été organisée dans le cadre d’un mécanisme de partenariat initié par la Banque islamique de développement (BID) pour booster les relations économiques entre les pays membres. La Malaisie propose son expertise dans le domaine de la finance islamique et de l’industrie «halal» -terme galvaudé ces temps-ci en Tunisie.
Expertise…
La Malaisie est connue pour être le leader de la finance islamique dans le monde. «Plusieurs pays s’orientent vers nous pour s’inspirer de notre expérience. Nous avons des centres internationaux de formation dans le domaine. Nous sommes prêts à accueillir des équipes tunisiennes pour se former. De même, notre Banque centrale serait prête à accueillir des représentants du secteur bancaire tunisien», affirme le ministre malaisien.
Le montant total des transactions dans la finance islamique en Malaisie est de 31 milliards de dollars, soit 23% des actifs bancaires. Le marché des sukouks (certificats d’investissements) représentent 62%. Le ministre ajoute que la Malaisie pourrait proposer à la Tunisie son expertise en matière de législation.
Avec l’engouement actuel de certains de nos compatriotes pour la finance islamique, il est certain que l’expérience malaisienne donnerait un coup de pouce pour le développement de cette filière. La Tunisie ne compte actuellement que deux banques islamiques, à savoir Al Baraka Bank (ancienne Best Bank) et la banque Zitouna.
Certification «halal»…
D’un autre côté, la délégation malaisienne propose de développer ce qu’on appelle l’industrie «halal» en Tunisie. Une industrie qui représente 2,3 trillions de dollars de transactions, et qui est essentiellement développée dans les marchés sud-asiatiques, où la certification «halal», développée par la Malaisie, connaît un essor favorable pour les communautés musulmanes de Chine, de Thaïlande, de Singapour, etc.
Cette certification ne concerne pas seulement les produits agroalimentaires, elle est plus générale pour être appliquée aux produits pharmaceutiques et cosmétiques, aux services et même au tourisme. Elle concerne aussi la traçabilité de toute la chaîne de production dans ces secteurs. Ce qui fait que le marché halal a un grand potentiel de développement dans le monde. C’est en tout cas l’avis du ministre malaisien, lequel affirme que son pays exporte chaque année 11,2 milliards de dollars seulement dans le marché halal.
L’intérêt pour la Tunisie découle de son positionnement face à l’Europe. Le marché halal est assez développé dans le Vieux Continent, surtout en France où il y a une grande communauté musulmane. L’arrivée de produits halal en provenance de pays islamique serait éventuellement la bienvenue. Le partenariat avec la Tunisie visera donc d’en faire une plateforme pour l’industrie halal pour les marchés européens.
Opportunités d’investissement…
La délégation s’est entretenue avec des membres de l’Union tunisienne de commerce, de l’industrie et de l’artisanat (UTICA). Elle a proposé d’accueillir une trentaine d’hommes d’affaires tunisiens pour prospecter les opportunités du marché et du secteur. Le secteur privé serait un partenaire privilégié, selon le ministre malaisien. «La Malaisie est un centre stratégique pour les incitations fiscales. Les investisseurs bénéficient d’une amnistie fiscale de dix ans. Nous avons des conventions de partenariat avec de grands marchés, tels que la Chine et l’Inde», insiste-t-il.
On affirme aussi que la délégation a visité l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (FIPA). Le ministre indique qu’une convention de partenariat existe déjà entre la Tunisie et la Malaisie. L’objectif est d’actualiser cette convention et de développer d’autres voies de partenariat.
Selon Noureddine Zekri, directeur général de la FIPA, les Malaisiens seraient également intéressés de développer l’investissement dans plusieurs secteurs, entre autres l’aéronautique, l’industrie mécanique et électrique et l’industrie automobile. Il nous affirme que l’investissement malaisien en Tunisie est quasi-inexistant. Au niveau des échanges commerciaux, la balance est déficitaire.