çois Hollande (D) et Angela Merkel à Berlin, le 15 mai 2012 (Photo : Odd Andersen) |
[16/05/2012 12:27:14] BERLIN (AFP) L’unité affichée par la chancelière Angela Merkel et le président français François Hollande lors d’une première rencontre sous pression de la crise grecque a montré la solidité de l’axe franco-allemand au-delà des différends, estimaient mercredi des analystes.
“On avait un peu surestimé l’importance de cette rencontre, on pensait en faire une épreuve de force alors que ça ne pouvait pas être le cas. Il était logique de renouer les fils après la campagne électorale où Merkel avait soutenu Sarkozy”, remarque René Lasserre, directeur du Centre d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine (Cirac).
Selon lui, la chancelière “a fait ce qu’il fallait en accueillant le nouveau président de manière chaleureuse”.
“Qui aurait pu s’attendre à ce que cela se passe mal ? Angela Merkel est quelqu’un d’extrêmement courtois, ce qui est important c’est l’affirmation du caractère absolument central de la relation entre la France et l’Allemagne. Ca c’est une continuité depuis plusieurs décennies”, a commenté le ministre français des Affaires étrangères sortant, Alain Juppé, sur la radio française RTL.
Pour Claire Demesmay, politologue à l’Institut allemand de politique étrangère (DGAP), à Berlin, “ils sont condamnés à s’entendre, même si de vrais différends existent entre eux”.
“Observés par les marchés financiers et leurs partenaire européens, ils savent qu’ils n’ont pas le choix”, ajoute-t-elle.
La Grèce s’est enfoncée mardi dans une crise politique qui ravive les craintes sur une sortie du pays de la zone euro.
çois Hollande (D) et Angela Merkel à Berlin, le 15 mai 2012 (Photo : Bertrand Langlois) |
Pourfendeur de l’austérité allemande pendant la campagne électorale, M. Hollande s’est fait le chantre d’une croissance européenne stimulée par de grands projets, tandis que pour Mme Merkel, la relance passe avant tout par des mesures structurelles, notamment des réformes du marché du travail.
Pour M. Lasserre, “les marges de manoeuvre des deux dirigeants sont étroites”. “Hollande n’a pas les munitions d’une politique de croissance et il ne faut pas croire que l’Allemagne a les moyens d’une politique de relance pour l’Europe, la situation budgétaire des Etats régionaux (Länder) est mauvaise”, dit-il.
Selon Henrik Uterwedde, directeur adjoint de l’Institut franco-allemand à Ludwigsburg, un compromis entre les deux dirigeants ne devrait pas voir le jour avant les législatives françaises, dont le deuxième tour a lieu le 17 juin.
“Son électorat attend de lui une autre voix sur l’Europe”, que celle prônée par son prédécesseur, le conservateur Nicolas Sarkozy, remarque-t-il.
Mardi soir, M. Hollande s’est dit “prêt à tout mettre sur la table au conseil européen (du 23 mai), y compris les euro-bonds”, des obligations communes européennes, jusqu’ici un tabou pour l’Allemagne.
Il a aussi maintenu qu’il voulait rediscuter du pacte européen de discipline budgétaire pour y adjoindre un volet croissance. “La méthode dont nous sommes convenus consiste à mettre toutes les idées, toutes les propositions et voir ensuite quelles sont les traductions juridiques pour les mettre en oeuvre”, a-t-il dit, ouvrant la porte à un compromis.
Selon Mme Demesmay, la chancelière devrait également faire un pas en direction de M. Hollande. Depuis quelques semaines, elle a beaucoup plus prononcé le mot “croissance” que par le passé dans ses interventions sur la crise dans la zone euro.