Dette : la France réussit son premier test depuis l’arrivée de Hollande

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ésor, le 14 décembre 2009 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[16/05/2012 14:43:45] PARIS (AFP) La France a réussi mercredi son premier test d’envergure sur les marchés depuis l’accession de François Hollande à l’Elysée en empruntant plus de 9 milliards d’euros, à des taux en baisse, auprès d’investisseurs indifférents au retour de la gauche au pouvoir.

“Compte tenu du contexte très tendu sur les marchés financiers avec les incertitudes sur l’avenir de la zone euro et les difficultés de la Grèce, l’adjudication française s’est bien déroulée”, constate Jean-François Robin, stratégiste obligataire chez Natixis.

“Il n’y a eu aucun impact politique”, résume Ciaran O’Hagan, analyste à la Société Générale. “L’adjudication est un succès, la France emprunte à des taux moins élevés qu’auparavant, ce qui est une bonne nouvelle pour les contribuables”, souligne-t-il.

Paris avait déjà levé avec succès le 7 mai près de 8 milliards d’euros à court terme, à des taux déjà en baisse. Mais l’émission de mercredi était la première d’importance sur des échéances de moyen et long terme depuis la victoire du candidat socialiste à l’élection présidentielle.

L’opération était du coup surveillée de près pour évaluer le degré de confiance des marchés envers la France en pleine alternance politique.

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ésident François Hollande sur les Champs-Elysées après son investiture, le 15 mai 2012 (Photo : Fred Dufour)

In fine, les investisseurs ont été au rendez-vous en achetant 9,178 milliards d’euros de titres de dette, soit légèrement plus que les prévisions de l’Agence France Trésor.

Luxe supplémentaire: les taux consentis par la France ont même reculé. C’est-à-dire que les investisseurs n’ont pas exigé des rendements plus élevés pour prêter de l’argent au pays. Au contraire, ils semblent même lui faire davantage confiance qu’il y a un mois.

Moins bien que l’Allemagne

Dans le détail, deux lignes de BTAN (bons du Trésor à taux fixe et intérêts annuels) ont été émises à échéance de 2 et 5 ans, à des taux respectifs de 0,74% et 1,72%, contre 0,85% et 1,83% lors de la dernière adjudication comparable le 19 avril, juste avant le premier tour de la présidentielle.

Le taux consenti sur l’échéance à 5 ans constitue même un record à la baisse depuis la création de la zone euro en 2000.

Un mouvement de détente similaire a été constaté sur la ligne d’OAT (obligations assimilables au Trésor) à échéance de 4 ans, avec un taux de 0,95% contre 1,06% le 19 avril.

Sur les échéances plus longues à 10, 11 et 15 ans, indexées sur l’inflation, les taux sont en revanche ressortis en légère hausse, mais ils sont beaucoup moins significatifs car ils anticipent une hausse des prix et sont moins demandés, expliquent les opérateurs.

“Ce qui compte, ce sont les niveaux des taux longs sur le marché secondaire (où s’échange la dette des Etats) et, là, le verdict est bon: les taux français à 10 ans s’inscrivent actuellement à 2,87%, contre 3,01% à la veille du premier tour de l’élection présidentielle”, explique Jean-François Robin.

Pour autant, tout n’est pas rose, note-t-on dans les salles de marché, en rappelant que la France fait beaucoup moins bien que l’Allemagne.

Berlin emprunte à des taux longs historiquement bas, évoluant autour de 1,50% et Paris fait aussi moins bien que trois autres pays européens, les Pays-Bas, la Finlande et l’Autriche, dont les taux évoluent respectivement autour de 1,9%, 1,8% et 2,5%.

Pour les investisseurs financiers, “ce n’est pas tant le déficit public et la dette qui font peur, mais le déficit commercial et les interrogations sur la volonté de Paris d’améliorer la compétitivité de ses entreprises”, relève Jean-François Robin.