Smic : les syndicats veulent débattre au-delà du “coup de pouce”

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éunis lors du défilé du 1er mai, à Paris (Photo : Thomas Samson)

[16/05/2012 15:24:53] PARIS (AFP) Le “coup de pouce” au Smic promis par François Hollande doit être “significatif” et accompagné d’autres mesures contre le “tassement” général des salaires, réclament les syndicats, alors que le patronat craint qu’il n’entame la compétitivité et menace l’emploi.

Le salaire minimum sera l’un des thèmes majeurs de la conférence sociale annoncée mi-juillet, avec le dossier des retraites.

Le président a promis en juillet un relèvement exceptionnel du Smic, qui n’a pas augmenté plus que la revalorisation automatique depuis 2006, et a proposé d’introduire un critère de réévaluation lié à la croissance.

Sur le coup de pouce, deux syndicats revendiquent un effort conséquent: une hausse de 300 euros pour la CGT (“1.700 euros bruts mensuels”), de 250 euros pour FO qui plaide pour un Smic mensuel net à 1.340 euros, contre 1.096,94 euros net aujourd’hui.

“Déraisonnable”, s’alarme la CGPME, le patronat des petites et moyennes entreprises où la proportion de personnes au Smic est la plus élevée. “Les patrons de PME seront très vigilants à ce que le coût du travail n’augmente pas” et “ceux qui ne pourront plus payer licencieront”, prévient Geneviève Roy, vice-présidente.

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ée (Photo : Eric Feferberg)

Sans surprise, Laurence Parisot, la patronne du Medef, se montre elle aussi très réservée sur un coup de pouce: “déconnecté des gains de productivité, (il) aboutirait à des pertes de compétitivité et aurait des effets négatifs sur l’emploi”, prévient-elle. En revanche, sur le mode de calcul du Smic, “nous sommes prêts à discuter”, a-t-elle déclaré dans les Echos après l’élection de François Hollande.

Les revendications de la CGT et de FO sont jugées “disproportionnées”, y compris par les autres syndicats représentatifs. A commencer par le secrétaire général de L’Unsa, Luc Bérille, qui dénonce une “course à l’échalote entre la CGT et FO”.

“Il faut regarder l’état de la situation économique”, affirme aussi Philippe Louis, président de la CFTC, refusant les “surenchères”.

Pour François Chérèque, le leader de la CFDT, la réflexion doit “aller plus loin” car “il ne sert à rien d’augmenter des salariés qui sont au Smic toute leur vie”.

L’effet pervers des hausses du Smic est d’opérer “un tassement des salaires plus élevés”, analyse elle aussi Marie-Françoise Leflon, secrétaire nationale pour l’emploi à la CFE-CGC, le syndicat des cadres.

Il est accentué par les exonérations sur les bas salaires, instaurées en 1993 pour favoriser l’emploi des peu qualifiés, et renforcées depuis (dégressives jusqu’à 1,6 Smic). L’Etat rembourse chaque année aux organismes sociaux plus de 22 milliards d’euros pour compenser les allègements.

La CFDT veut “débattre avec le gouvernement des contreparties” qui pourraient être demandées aux entreprises “qui n’augmentent jamais leurs salariés”.

Pour contrer les “effets de seuil”, le président de la CFTC propose lui de “redistribuer autrement” les abattements, en “modulant” les charges “en fonction de la santé de l’entreprise et de sa situation de concurrence”.

Les salaires sont particulièrement tassés dans un certain nombre de branches “où il y a des premiers niveaux de salaire inférieurs au Smic”, insiste le secrétaire général de Force Ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, qui demande au nouveau gouvernement d’imposer partout des renégociations.

Fin décembre 2011, plus de la moitié des accords de branches de plus de 5.000 salariés avaient des grilles de salaires reposant sur des minimas inférieurs, rapporte FO. Dans la confiserie, la grille date de 1999, et est encore en francs.

“Certaines entreprises freinent au maximum les renégociations pour bloquer les grilles salariales”, renchérit M. Louis (CFTC). Le Smic “est une voiture-balai qui ramasse de plus en plus de salariés”, s’inquiète-t-il.