Jadis plutôt limitée, en raison des restrictions imposées sous Ben Ali à la
société, l’activité du British Council explose depuis le 14 janvier 2011.
En poste en Tunisie depuis près de trois ans, Eunice Crook OBE s’est ennuyée à
mourir durant la première partie de son séjour tunisien. Parce qu’elle se
tournait les pousses, ou presque. «Avant la révolution, j’étais très
impressionnée par la qualité des gens que j’ai rencontrés en Tunisie et par la
qualité des interactions que l’on pouvait avoir avec les gens en tant
qu’individus. Mais j’étais très consciente que ces individus opéraient dans un
environnement démobilisant et déresponsabilisant. Alors qu’on pouvait avoir un
projet avec une personne ou un petit groupe d’individus, essayer de l’agrandir
était presqu’impossible. D’ailleurs, nous avions fait très peu de choses avec la
société civile. Et même au sein des ministères, vous rencontriez des gens
fantastiques qui savent ce qu’il faut faire mais ne pouvaient pas le faire. Tout
le monde craignait de prendre des risques et personne ne voulait être celui qui
en prenait», observe Eunice Crook Obe, jadis en poste en Inde.
Partie à la mi-décembre 2010 prendre ses vacances du nouvel an, la directrice
générale du British Council Tunis a laissé, en partant, un pays calme –«le plus
stable d’Afrique du Nord», écrivait-elle un mois après le 14 janvier 2011- et en
a retrouvé un, trois semaines plus tard «au bord de la révolution».
Les premières semaines après la révolution n’ont pas été faciles. Le British
Council a dû fermer le centre de langue pour quelques jours, et évacuer son
personnel non-tunisien. Mais «au bout de trois semaines, ils étaient de retour
parce que la situation a été contrôlée rapidement. Et depuis, je ne crois pas
que nous ayons arrêté depuis», note Eunice Crook Obe.
Pour la directrice générale du British Council à Tunis, qui considère comme «un
privilège» le fait «d’être ici en ce moment», la vie suit un tout autre rythme
et a une toute autre saveur depuis près d’un an et demi. Elle sait que «cela va
prendre du temps, que ce sera une voie rocailleuse», mais reste confiante: «la
Tunisie peut faire la transition vers une société ouverte, juste et
transparente. Et j’espère que le British Council peut jouer un rôle pour aider
et soutenir ce changement».
Son optimisme provient du fait que «beaucoup de pas positifs sont en train
d’être faits. Des choses qui n’étaient pas discutées auparavant le sont
aujourd’hui. Et dans la société civile il y a une telle énergie,
particulièrement parmi les jeunes, en vue de faire des choses pour aider leur
pays».
Pour le British Council, la révolution a entraîné «un changement de priorités et
un changement d’engagement par ce que nous croyons que ceci est le moment où les
relations culturelles sont absolument vitales pour vous aider. Notre ambition a
été multipliée par un facteur de dix en Tunisie et notre activité a cru
énormément».