Italie : Monti défend les agents du fisc, objets d’attaques et de menaces

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à Rome. (Photo : Andreas Solaro)

[17/05/2012 11:50:10] ROME (AFP) Le chef du gouvernement italien Mario Monti est monté jeudi en première ligne pour apporter son “soutien inconditionnel” à Equitalia, l’agence de collecte des impôts, dont les agents ont fait l’objet d’attaques et de menaces ces dernières semaines.

M. Monti s’est rendu jeudi matin au siège romain de l’agence, dont il a rencontré les dirigeants: “J’ai voulu cette rencontre pour apporter le soutien inconditionnel du gouvernement, et le mien personnel, face aux nombreux actes d’intimidation et d’agression qui se sont répétés avec fréquence ces derniers temps et qui doivent être fermement condamnés”, a-t-il déclaré.

Il y a une semaine, deux inspecteurs d’Equitalia ont été agressés à coups de poing à Milan par un entrepreneur, tandis que des échauffourées avaient éclaté le même jour lors d’une manifestation devant des bureaux Equitalia à Naples.

Avec la crise économique, beaucoup de salariés sont dans des situations économiques tragiques et des petits patrons eux-mêmes sont menacés par la faillite et soumis à une pression fiscale très forte. Plusieurs se sont suicidés de façon spectaculaire.

Il y a deux semaines, un homme avait pris en otages des employés d’Equitalia à Bergame (nord) et en décembre, un groupe anarchiste avait envoyé un colis piégé à un dirigeant d’Equitalia, le blessant aux yeux et aux mains, tandis que les fausses alertes à la bombe dans les bureaux d’Equitalia ne se comptent plus.

“Votre tâche est difficile et ne jouit pas d’une grande popularité car personne n’aime payer les impôts, mais vous le faites avec sens de responsabilité et de manière impartiale. La crise économique rend votre travail encore plus difficile et délicat”, a-t-il poursuivi.

“Pour retrouver la confiance en un avenir meilleur, nous devons avoir confiance dans les institutions qui caractérisent un Etat de droit et je veux mentionner ici l’agence du fisc et celle de recouvrement des impôts”, a affirmé M. Monti.

“Les événements de ces derniers temps montrent que notre travail devient encore plus difficile et ingrat dans la situation grave de crise que le pays traverse”, lui a répondu le directeur d’Equitalia Attilio Beffera, dénonçant une “désinformation qui tend à assimiler Equitalia à des sociétés privées qui agiraient arbitrairement pour faire des profits sur le dos des contribuables”.

“Toute notre activité est réglée par la loi et au service exclusif de l’Etat”, a-t-il martelé.

A Naples vient d’être lancé un projet pour fonder un parti politique anti-Equitalia, avec parmi ses parrains l’ex-joueur de footbal Diego Maradona, auquel le fisc italien réclame depuis des années des dizaines de millions d’euros.

“Il est juste que tout le monde paye ses impôts, mais de manière humaine et équitable, et surtout en ne privant pas de pauvres gens des économies de toute une vie et en pratiquant des taux usuraires”, affirment les promoteurs de ce mouvement.

Beppe Grillo, un comique reconverti dans la politique qui a remporté un succès avec son mouvement populiste “Cinq étoiles” lors des dernières municipales, a pour sa part estimé jeudi qu'”Equitalia doit être fermée demain matin”: “Equitalia n’a rien à voir avec les impôts, elle devrait maintenir en vie les entreprises au lieu de les faire fermer”.

M. Monti a également évoqué jeudi le problème de l’évasion fiscale, rappelant que “si tout le monde payait les impôts, tous devraient en payer moins et les services publics seraient meilleurs”.

Son gouvernement a fait de l’évasion fiscale un de ses chevaux de bataille et Rome a réussi en 2011 à récupérer 12,7 milliards d’euros grâce à la lutte contre ce phénomène et table sur un résultat encore meilleur en 2012.