Facebook, une locomotive économique

photo_1337261320018-1-1.jpg
à Menlo Park en Californie, le 15 mai 2012. (Photo : Robyn Beck)

[17/05/2012 13:30:50] WASHINGTON (AFP) Facebook est déjà une locomotive économique qui a débouché sur la création de tout un secteur d’entreprises actives dans “l’internet social”, mais son impact réel reste sujet à débat.

Des dizaines de “startups” et des milliers d’applications ont été conçues dans le but principal de s’adresser aux quelque 900 millions d’internautes qui utilisent régulièrement Facebook.

Cela conduit certains spécialistes à conclure que Facebook, qui ne produit aucun objet matériel et ne récolte qu’une partie de ses recettes publicitaires potentielles, est un réel moteur de l’activité économique.

Une étude publiée l’an dernier par l’Université du Maryland a ainsi conclu que “l’économie des applis Facebook” avait créé au moins 182.000 emplois et injecté dans l’économie américaine plus de 12,19 milliards de dollars.

Les auteurs de l’étude, Il-Horn Hann et Siva Viswanathan, estiment que l’impact est probablement encore plus important aujourd’hui, vu que Facebook a gagné 150 millions de membres depuis l’an dernier.

photo_1337261393485-1-1.jpg
à Menlo Park en Californie. (Photo : Robyn Beck)

La société californienne n’emploie elle-même qu’environ 3.500 personnes, mais elle a engendré des sociétés comme Zynga, l’éditeur de jeux qui emploie plus de 2.000 personnes et s’est lancé en Bourse un an avant Facebook.

Parallèlement, une myriade de cabinets de consultants se font fort d’expliquer comment profiter de Facebook et des développeurs d’applications gagnent aussi de l’argent grâce au site, ce qui engendre de nombreux emplois indirects.

Wildfire Interactive, où travaille une soeur du fondateur de Facebook Mark Zuckerberg, aide les annonceurs à faire leur marketing sur Facebook, RootMusic aide les musiciens à créer des pages de fans, ePayvment facilite les paiements sur Facebook, etc.

En janvier, une étude du cabinet de stratégie Deloitte a conclu à un “impact économique” de Facebook dans l’Union européenne de 15,1 milliards d’euros et environ 232.000 emplois.

Mais l’économiste Joel Naroff note que Facebook ne peut créer de la valeur dans l’économie qu’en en supprimant par ailleurs. Pendant que Facebook et d’autres médias sociaux gagnent de l’argent et embauchent, “beaucoup de journaux sombrent ou licencient”, note-t-il.

M. Hann note que son étude avait pour but de comptabiliser les créations nettes d’emplois, mais concède qu’il est difficile de prouver que les nouveaux emplois ne s’accompagnent pas de la suppression d’autres.

“Nous pensons que beaucoup d’emplois sont créés et qu’il s’agit de nouveaux emplois, mais c’est quelque chose qui prête toujours à débat”, dit-il à l’AFP.

Pour Nariman Behravesh, économique chez IHS GLobal Insight, il y a sûrement des gains nets d’emplois, mais ils ne sont “pas gigantesques”.

“Beaucoup de l’activité sur Facebook est par définition non économique”, dit-il, évoquant “les familles qui restent en contact, les copains de lycée qui se retrouvent. On ne peut pas mettre un prix là-dessus”.

Il est plus difficile de calculer la valeur économique de Facebook que celle d’Apple par exemple, qui fabrique des objets et gère des magasins, en plus de distribuer des biens numériques.

“Je crois que l’une des raisons pour lesquelles la valorisation (de Facebook) est tellement élevée, c’est qu’il y a un public énorme, et on peut lui vendre des choses, et on peut segmenter ce marché”, ajoute-t-il.

Pour Carey Leahey, de Decision Economics, la valeur de Facebook, largement intangible, tient à ce qu’il représente un nouvel outil marketing. “Ce n’est pas de la fabrication, ce n’est pas du capital, mais cela crée pour les entreprises une façon d’être en interaction plus directe avec les consommateurs, c’est intangible mais c’est un progrès”.