En Russie, le marché des hélicoptères d’affaires fait rêver, mais est limité

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élicoptère le 17 mai 2011 à Moscou (Photo : Natalia Kolesnikova)

[19/05/2012 09:06:40] MOSCOU (AFP) La Russie et ses oligarques font rêver les acteurs du marché des hélicoptères d’affaires, mais ce segment reste limité étant donné qu’à Moscou, véritable poumon économique du pays et capitale des milliardaires, le ciel est fermé aux vols.

“C’est un segment qui existe car il y a des gens très riches, des oligarques, des hommes d’affaires, et ces gens-là préfèrent le moyen de transport pratique et rapide qu’est l’hélicoptère”, déclare à l’AFP Laurence Rigolini, directrice générale d’Eurocopter Vostok, une filiale à 100% d’Eurocopter (groupe EADS).

Ainsi, le segment de l’aviation d’affaires représente près de 30% des ventes du groupe en Russie, précise-t-elle.

Eurocopter Vostok prévoit d’ailleurs d’introduire sur le marché russe avant la fin 2012 son nouveau modèle griffé “Mercedes-Benz Style”, réalisé en partenariat avec le groupe allemand dans un hélicoptère de type EC 145. Un futur “tabac”, selon Mme Rigolini.

En effet, la Russie “est typiquement une clientèle de luxe qui peut se payer la nouveauté”, déclare-t-elle.

Même son de cloche à la société américaine Bell Helicopter.

Selon un de ses directeurs pour l’Europe et la Russie, Patrick Moulay, alors que le reste de l’Europe “est relativement sinistré” depuis ces trois dernières années, en Russie “il y a beaucoup d’activité et beaucoup de demandes”.

L’aviation d’affaires est d’ailleurs le segment “où Bell a eu le plus de succès” dans le pays, précise-t-il, ajoutant qu’en 2011 le groupe y a vendu six appareils VIP.

“Il y a un certain nombre de personnes en Russie qui ont un comportement d’achat très impulsif (…) et le prix de la machine n’est pas un élément important dans la décision alors que sur d’autres marchés en Europe, il reste déterminant”, indique-t-il.

Chez AgustaWestland, filiale du groupe italien d’aéronautique et de défense Finmeccanica, le segment VIP-affaires représente jusqu’à 90% des ventes.

Le groupe indique d’ailleurs avoir déjà des commandes russes pour deux de ses modèles encore en cours de développement, l’AW 169 et l’AW 189.

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élicoptère le 17 mai 2011 à Moscou (Photo : Natalia Kolesnikova)

Pourtant, le marché russe reste encore très restreint, notamment comparé à d’autres pays du groupe des puissances émergentes, en particulier le Brésil et la Chine.

En cause notamment, l’interdiction du survol de Moscou qui, selon le dernier classement du magazine Forbes paru en mars, compte le plus de milliardaires au monde, clientèle potentiellement acheteuse d’hélicoptères.

C’est la mairie de Moscou qui contrôle l’espace aérien au dessus de la capitale. Le Service fédéral russe de protection (FSO), chargé d’assurer la sécurité des personnalités dont celles du président, a cependant également son mot à dire.

L’association russe de l’industrie des hélicoptères tente depuis des années d’obtenir des concessions, notamment de réduire la zone d’interdiction de survol, qui aujourd’hui s’étend jusqu’au MKAD, un boulevard périphérique délimitant Moscou et sa banlieue, en autorisant par exemple le survol au dessus des rivières. Sans résultat jusqu’à présent.

Le quotidien russe Vedomosti a néanmoins fait état en février d’un projet en cours de discussion à la mairie visant à remplacer par des hélicoptères les voitures officielles, repérables à leur gyrophare bleu synonyme de passe-droits, une initiative qui reste compliquée à l’heure actuelle.

En attendant une évolution de la réglementation, le marché russe dès lors “restera ce qu’il est, intéressant, mais il n’explosera pas”, estime Patrick Moulay.

Par contre, “le jour ou la réglementation va changer et où on va pouvoir voler au-dessus de Moscou et atterrir avec des hélipads (zone d’atterrissage, ndlr) dans la ville, je pense que le marché va être absolument exponentiel”, assure-t-il.