Grèce : tollé après l’idée d’un référendum sur l’euro prêtée à Merkel

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ère allemande Angela Merkel le 16 mai 2012 à Berlin (Photo : Odd Andersen)

[19/05/2012 11:14:00] ATHENES (AFP) La classe politique grecque a vivement réagi samedi après la suggestion prêtée à la chancelière allemande Angela Merkel d’organiser un référendum en Grèce sur le maintien ou non du pays dans la zone euro, en parallèle des législatives prévues le 17 juin.

Malgré le démenti de la chancellerie à Berlin, cette idée a provoqué une levée des boucliers des partis politiques à Athènes, qui viennent d’entamer une nouvelle campagne électorale, la deuxième en moins de deux mois, après le scrutin du 6 mai qui n’a permis à aucun parti d’obtenir la majorité.

“Le peuple grec n’a pas besoin d’un référendum pour prouver son choix pour l’euro, dont il a déjà payé le coût en faisant des sacrifices”, a indiqué Antonis Samaras, chef de la droite Nouvelle-Démocratie, arrivé en tête du scrutin en mai.

La suggestion d’Angela Merkel “surtout dans une période électorale, est regrettable et ne peut pas être acceptée, le peuple grec a droit d’être respecté par ses partenaires”, ajoute M. Samaras, dont son parti est de nouveau favori pour les élections en juin, selon un sondage des intentions de vote publié vendredi.

“Mme Merkel est habituée à s’adresser aux dirigeants politiques de la Grèce comme s’il s’agissait d’un pays sous protectorat”, a déclaré Alexis Tsipras, dirigeant de la gauche Syriza, qui a créé la surprise lors du scrutin du 6 mai, arrivant deuxième et quadruplant son score depuis les précédentes législatives en 2009.

“Le 17 juin, les Grecs vont mettre un terme aux politiques d’austérité et de la soumission et ouvriront la voie pour des évolutions progressistes dans toute l’Europe”, ajoute M. Tsipras, dont son parti arrive de nouveau deuxième parti derrière la droite, selon le sondage de vendredi.

Evangélos Vénizélos, chef des socialistes Pasok, affirme: “La question en Grèce n’est pas son maintien ou non dans l’euro mais la sortie définitive de la crise”.

“Le référendum relève de la seule compétence du gouvernement et du Parlement grec et non pas de l’Union européenne ou des gouvernement d’autres pays-membres”, dit cet ancien ministre des Finances.

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émocratie, le 14 mai 2012 à Athènes (Photo : Angelos Tzortzinis)

La suggestion apparente de Mme Merkel a été évoquée vendredi soir lors d’un appel téléphonique entre la chancelière et le président de la République Carolos Papoulias, selon un communiqué du gouvernement par intérim grec.

L’information avait été immédiatement démentie par la chancellerie allemande, qui, dans la journée, avait dit espérer que la Grèce aurait, après les élections, un gouvernement capable d’agir.

Samedi, les quotidiens grecs dénonçaient à la une “l’intervention” allemande.

“Ultimatum Merkel”, titrait Ta Néa (pro-socialiste). “La chancelière a dit que le financement du pays dépend de la volonté des Grecs de rester dans la zone euro et il paraît qu’elle a suggéré un référendum, qu’elle a ensuite démenti”, commente ce quotidien.

“Bombe Merkel pour un euro-référendum, intervention politique sans précédent”, souligne Eléftheros Typos (droite).

Le quotidien financier libéral Naftémporiki qualifie le référendum de “Jeu dur de Merkel” et “d’une bombe politique”.

Angela Merkel s’était vivement opposée à l’idée d’un référendum proposée en octobre 2011 par le Premier ministre de l’époque, le socialiste Georges Papandréou, qui avait ensuite été contraint à la démission, après avoir été lâché par ses propres pairs hostiles aux mesures d’austérité, dictées par l’UE et le FMI, créanciers du pays.

Lassés par la rigueur stricte imposée depuis 2010, en échange des prêts internationaux, les Grecs ont sanctionné le 6 mai les deux partis traditionnels, droite et socialistes, tenus responsables pour cette politique, ce qui provoqué la montée des formations anti-austérité.

D’où l’inquiétude actuellement des créanciers et des marchés, craignant un résultat similaire le 17 juin, ce qui pourrait compromettre les engagements de la Grèce vis-à-vis ces bailleurs de fonds et alimente les risques d’une sortie du pays de l’euro.