C’est la dernière «mode» si on ose le qualifier ainsi… Ne parlons pas des villes de la région de Gafsa qui ont essayé tous les genres de protestations … Mais la contagion est générale. Kébili a fait sa grève générale, Ben Guerdane aussi, Menzel Habib également, et avant, il y a avait eu Jebeniana et Hbira dans la région de Sfax. On parle de Oued Mliz pour bientôt et d’autres grèves suivront.
Le scénario est presque toujours et partout identique. Rarement on voit un parti politique endosser la responsabilité de la grève mais plutôt des associations et des jeunes chômeurs, souvent parmi les diplômés de l’enseignement supérieur, sans boulot depuis belle lurette et surtout sans aucune perspective devant eux, un sit–in, deux, trois…, plusieurs rendez-vous avec le «wali» de la région qui ne peut guère faire plus que le Premier ministre lui-même qui n’a rien fait pour personne –ou presque- jusqu’ici; et la sauce prend dès qu’un incident quelconque vient faire monter la tension.
A Kébili, un octroi de terres agricoles à des personnes suspectes comme «riches», à Ben Guerdane un incident frontalier avec les douaniers, à Hbira des administrations qui n’ont de réponse à personne, à Snad, des jeunes chômeurs désemparés et voilà… Grève générale!
Les Tunisiens sont aujourd’hui ivres! Nous sommes ivres de liberté! Il suffit de voir les nombreuses batailles dans les journaux! Batailles tous azimuts! Sur le terrain c’est pire! Chaque jour a son lot. Deux familles se sont battues à Fernana et ça s’est soldé par 18 blessés à cause d’un mot de travers entre deux jeunes. J’en passe!
Alors quand le cumul atteint un niveau élevé dans une région et que le responsable est vite désigné en la personne des gouvernants, on organise un «dégage» bien musclé devant le gouvernorat, on dégage le gouverneur dans une voiture militaire et on annonce la grève générale. Mot d’ordre? Partout le même: le développement! Notre part du développement. S’il y a un semblant de ressources naturelles comme le phosphate à Gafsa ou le pétrole à Tataouine, on réclame «notre bien», allant jusqu’à réclamer la scission comme dans quelques localités du bassin minier. On aura peut-être bientôt des «Républiques populaires et démocratiques» dans tous les coins! Vive la liberté! Je vous dis que nous sommes ivres! Et alors?!
Ces grèves générales dénotent d’un malaise général à l’échelle du pays. Les attentes suscitées par la révolution sont énormes. Le déficit de 55 ans de développement mal réparti sont béants. Les besoins en développement de toutes les régions sont légions. Le gouvernement actuel et celui qui viendra ensuite n’ont pas de réponses immédiates. Alors on est parti pour un bout de temps comme ça! Grève générale partout!
Vive la révolution!