Amel Bouchamaoui Hammami, et par delà elle, la Tunisian American Chamber of Commerce (TACC), a réussi une performance unique jeudi 10 mai 2012: réunir en même temps et en un même lieu les présidents des huit chambres américaines de la zone Afrique du Nord-Moyen-Orient qui ont tenu leur conférence annuelle ce jour-là. Mais pour la présidente de la TACC, sensible à ce coup de chapeau de son collègue égyptien, Gamal Moharam, le plus important est ailleurs.
Il réside dans le fait –comme l’a constaté Mme Bouchamaoui Hammami, en ouverture- que, d’un côté, «la région MENA attire de plus en plus les hommes d’affaires en raison des changements qu’elle connaît» et que, de l’autre, «il n’est pas facile» pour les investisseurs «de travailler dans des pays connaissant une transition politique et économique. Mais la présidente pense que «les défis allant de paire avec ces transitions peuvent être une source d’opportunités».
Et c’est là –autre bon point pour la présidente de la TACC et, surtout, les gouvernements des pays du Printemps arabe- la tonalité qui a dominé les travaux de la conférence annuelle des AmCham (american chambers), auxquelles les Etats-Unis veulent faire jouer un rôle primordial dans le développement des échanges et de l’investissement dans et entre les pays de la région. Mustapha Kamel Nabli (gouverneur de la BCT), en particulier, a défendu cette thèse du nécessaire engagement des entreprises étrangères, notamment américaines, dans ce processus.
Certes, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie estime que «les opportunités d’investissement dans la région MENA se situent dans le moyen et le long termes» et que le court et même le moyen termes ne sont pas faciles, et que le manque de visibilité et l’incertitude politiques «sont de nature à pousser les investisseurs à attendre». Toutefois, le patron de la BCT a affirmé, à l’adresse des entrepreneurs présents, que «nous n’avons pas le temps d’attendre», qu’ils doivent se considérer comme faisant «partie du jeu et non comme des spectateurs», qu’ils ne peuvent pas «attendre que les choses se fassent». Car, selon M. Nabli, «l’attente n’est pas une option. C’est l’action qui est demandée». Et même s’il ne minimise pas les risques –«les risques sont là, ont doit le dire»-, le gouverneur de la BCT affirme que «les retombées potentielles sont importantes».
Largement partagé par la salle, cette stratégie est en particulier celle de Coca-Cola, un des sponsors de la conférence annuelle des AmCham. Parlant au nom de ce géant américain, Beert Broos, son responsable Franchise pour l’Afrique du Nord, clame haut et fort que «pour nous, le bon moment pour investir c’est maintenant et pas après les élections». Car à Coca-Cola, «nous sommes optimistes au sujet de la région», note M. Broos.
Joignant le geste à la parole, la multinationale d’Atlanta –qui «a besoin de travailler avec toutes les parties concernées» et estime que «notre rôle ne se limite pas à l’investissement mais s’étend à l’aide au développement de l’entrepreneurship»- va inviter cet été 100 étudiants pour les former dans ce domaine.