Une zone euro sans Grèce, un scénario sans doute surmontable pour les marchés

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énon à Athènes avec au premier plan le drapeau européen, le 9 mai 2012 (Photo : Louisa Gouliamaki)

[21/05/2012 12:49:04] PARIS (AFP) Une sortie de la Grèce de la zone euro créerait un précédent dommageable à court terme pour les marchés, mais ceux-ci devraient probablement surmonter le choc si les Européens agissent rapidement pour éviter les risques de contagion notamment dans le secteur bancaire.

Ce scénario –inédit dans l’histoire de la construction européenne– plombe depuis plusieurs semaines les indices boursiers et détériore les conditions d’emprunt des pays jugés les plus fragiles de l’Union monétaire, comme l’Espagne.

Il semble toutefois que les marchés ne l’ont pas encore totalement intégré dans leurs cours.

“Les nouvelles élections en Grèce, le 17 juin, seront le test. Elles prendront l’allure d’un véritable référendum sur le maintien ou non du pays dans la zone euro”, souligne Valérie Plagnol, directeur de la recherche chez Crédit Suisse.

En cas de sortie, “il n’est pas impossible qu’il y ait un effet panique sur les marchés, au moins à court terme”, estime-t-elle, surtout si les Grecs claquent la porte sans négocier avec leurs partenaires européens.

Dans tous les cas, le processus ne se fera pas sans heurts.

Les importantes pertes des institutions financières de la zone euro seront dans un premier temps difficiles à chiffrer, ce qui risque de rendre les investisseurs extrêmement nerveux.

“Les effets sur le bilan de la Banque centrale européenne, perçue comme le dernier bastion solide en Europe, seront particulièrement scrutés”, souligne Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis AM.

L’institut de Francfort n’a pas encore revu en baisse la valeur des obligations grecques qu’il détient (une cinquantaine de milliards d’euros).

“En cas de faillite du pays, les pertes de la BCE vont s’accentuer. Cela posera la question de son éventuelle recapitalisation”, relève M. Waechter.

Les craintes de contagion pourraient tout particulièrement plomber les marchés. Pourtant, de l’avis des analystes financiers interrogés par l’AFP, la propagation de la crise pourrait être limitée.

“Le Portugal, l’Irlande ou encore l’Espagne seront-ils tentés de suivre l’exemple grec ? Probablement pas. D’abord parce que ces pays n’ont pas le même type de difficultés. Ils ont plutôt des problèmes de liquidité que de solvabilité”, souligne M. Waechter.

Selon lui, le fait d’isoler le malade grec plutôt que de laisser les symptômes s’aggraver comme c’est le cas depuis plusieurs années pourrait même, le choc passé, “permettre aux places financières de retrouver une dynamique positive”.

Mais tout dépendra de la réactivité des responsables européens.

Il faudra sans doute augmenter de nouveau les capacités des fonds de secours de la zone euro pour apaiser les tensions.

Les pare-feux (FESF, MES) tels qu’ils existent actuellement, cumulés à l’aide du Fonds monétaire international, seront certes suffisants à court terme pour couvrir les besoins de financement de l’Italie et de l’Espagne, mais à condition que la crise s’arrête fin 2014, pour permettre ainsi à ces deux pays de revenir sur les marchés dans des conditions satisfaisantes, estiment les analystes de Capital Economics.

Une recapitalisation de certaines banques sera sans doute nécessaire en Espagne, en Italie et aussi sans doute en France. “On peut aussi imaginer une nationalisation temporaire de certains établissements le temps de leur permettre de retrouver une marge de manoeuvre suffisante”, commente M. Waechter.

Mais ces hypothèses de travail restent un défi vu l’ampleur des déficits publics.

Somme toute, pour permettre aux marchés de digérer le choc, “de réelles avancées européennes sur le volet de la croissance” restent indispensables, souligne Mme Plagnol.

Paris a fixé comme horizon le sommet européen des 28 et 29 juin pour trouver un accord avec Berlin sur le sujet.