Avant le sommet européen, les euro-obligations divisent toujours Paris et Berlin

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äuble et français Pierre Moscovici, à Berlin le 21 mai 2012 (Photo : David Gannon)

[22/05/2012 16:26:57] BRUXELLES (AFP) Français et Allemands continuaient mardi d’afficher leur désaccord sur la création d’euro-obligations à la veille d’un sommet européen informel qui devrait néanmoins consacrer le rapprochement de leurs points de vue sur l’articulation entre croissance et discipline budgétaire.

Dans son invitation aux chefs d’Etat et de gouvernement des 27, le président de l’UE, Herman Van Rompuy, les a encouragés à évoquer mercredi “sans tabou” les différentes options pour relancer la croissance en Europe, dans l’optique du sommet des 28 et 29 juin.

Le ministre français des Finances, Pierre Moscovici, le prenant au mot, a rappelé lundi que Paris allait “mettre sur la table” toutes les solutions, laissant entendre que le président François Hollande pourrait plaider pour la création d’euro-obligations.

M. Hollande peut profiter de la dynamique créée en faveur de la relance de la croissance, dans la foulée de son élection, estime une source européenne sous couvert d’anonymat. “Le G8 s’est plutôt bien passé pour lui, on sent qu’il y a un souffle, il a le vent en poupe”, relève cette source.

Mais Berlin a aussitôt réaffirmé, en termes clairs et nets, son refus d’un tel instrument. “C’est notre position ferme et cela le sera aussi en juin”, a déclaré mardi un responsable du gouvernement allemand, rappelant que ces euro-obligations, des titres de dettes communs à tous les pays de la zone euro, avec un seul taux d’intérêt et destinés à financer les budgets nationaux, sont illégales au regard des traités européens.

La position allemande ne semble toutefois pas décourager M. Moscovici, qui reconnaît un “désaccord majeur” sur ce sujet, mais souligne aussi qu’il existe “des compromis possibles”.

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à Chicago le 21 mai 2012 (Photo : Saul Loeb)

Ces compromis porteraient sur plusieurs propositions faites par la Commission européenne et reprises par M. Hollande, comme l’augmentation du capital de la Banque européenne d’investissement (BEI), la mobilisation des fonds structurels non utilisés et la création d’une taxe sur les transactions financières en Europe.

Mis à part les euro-obligations, “Français et Allemands ne sont plus très éloignés, on le voit bien dans les déclarations récentes” faites par des responsables français, souligne la source européenne interrogée, faisant allusion aux promesses de MM. Hollande et Moscovici de respecter l’orthodoxie budgétaire chère à Mme Merkel.

A Paris, on estime que cet engagement répété permettra d’obtenir des concessions de Berlin sur la croissance.

Le sujet semble en tout cas plus pressant que jamais: les dernières prévisions de l’OCDE publiées mardi prévoient une zone euro “sans croissance” cette année, et la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a appelé les dirigeants de la zone euro à “faire plus pour soutenir la croissance, en particulier par l’intermédiaire de réformes structurelles”.

En attendant, les Européens pourront se prévaloir mercredi d’un accord trouvé mardi entre les gouvernements des 27 et le Parlement européen sur un programme pilote visant à financer des grands projets d’infrastructures.

Ces premiers “project bonds” bénéficieront de 230 millions de fonds européens non utilisés. Par un effet multiplicateur, avec le concours de la BEI et de financements privés, ils devraient permettre de mobiliser jusqu’à 4,5 milliards d’euros, selon la Commission.

Il n’y a “pas de recette miracle” pour la croissance “sinon nous l’aurions déjà mise en oeuvre”, a souligné devant le Parlement européen à Strasbourg le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, qui a également réaffirmé la solidarité de la Commission avec la Grèce, autre grand sujet qui viendra sur la table des 27 mercredi, probablement au dessert.

M. Van Rompuy pourrait évoquer le sujet dans sa conférence de presse finale si les dirigeants européens expriment un point de vue commun sur le sujet, selon une source européenne proche du dossier.

En attendant les élections du 17 juin, “il faut que les Européens définissent un cap” et envoient à la Grèce “un message cohérent”, souligne une des sources interrogées.

Le sommet de mercredi devrait aussi aborder la question de la santé des banques espagnoles, sur fond d’inquiétude des marchés.